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LA JEUNE FILLE SANS MAINS

Un conte aussi cruel qu'enchanteur

Un meunier, parti à la chasse, rencontre un homme qui lui propose la richesse, en échange de ce qu'il y a derrière son moulin. Le premier accepte et voit couler des flots d'or, lui permettant de construire un palais entièrement fait de ce précieux métal. Mais un sorcier-démon sonne à la porte, réclamant alors son dû : la fille du meunier...

Présenté dans la section ACID du Festival de Cannes 2016, "La Jeune Fille sans mains" a ensuite fait le bonheur des spectateurs du Festival d'Annecy d'où il est reparti avec une Mention du jury. D'une envoûtante beauté graphique, le film vaut non seulement pour le conte cruel qu'il met en scène (aussi surprenant que ponctuellement violent) que pour l'originalité de sa technique d'animation.

À base de quelques traits à l'encre de chine et de superpositions avec des tâches de peinture de couleur qui restent souvent fixes, créant un effet étrangement dynamique, l'auteur nous invite dans un univers bien à lui, proche de certaines estampes, montrant à quel point la simplicité du dessin peut être évocatrice. Ainsi, la construction du riche palais est-elle simplement suggérée par des bruits de pioche et quelques éléments de surfaces qui apparaissent.

Avec ce conte où la magie côtoie le sordide, Sébastien Laudenbach nous offre un premier long métrage enchanté, adapté d’un conte des frères Grimm. Il nous plonge dans un monde de l'esquisse, fait de silhouettes évanescentes et de décors partiels, envisageant la vie comme un mouvement permanent. Ajoutant ainsi à l'aspect hors du temps de cette histoire de convoitise, entre malédiction et fuite répétée, il parvient tout en douceur à atteindre l'âme d'enfant qui subsiste encore en chacun de nous.

Positionnant la nature au centre du récit, comme en opposition à des forces démoniaques pas si menaçantes (le démon se transforme notamment en différents animaux), le scénario, joue avec les notions de présages et de sacrifice, pour mieux poser son inclinaison vers un amour véritable. Touchant, ce film d'animation hors normes offre aussi quelques purs moments de beauté graphique, tels que la descente de nuit le long de la rivière (ponctuée de fleurs bleues). Un régal pour les yeux autant que pour l'imagination, sollicitée en permanence.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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