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HOWL

En 1955, un poète non encore publié, Allen Ginsberg, donne lecture de son poème en 4 actes, « Howl », dans une petite salle…




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Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

Dans "Howl", le récit est volontairement éclaté en quatre fils parallèles: la première lecture du poème en question, en 1955, tout de noir et blanc, une interview reconstituée du poète concerné, Allen Ginsberg, face caméra, sur le mode confessions intimes, une illustration animée du poème lui-même, en 3D et animation traditionnelle, ainsi qu'un ensemble d'interrogatoires proprement ahurissants, lors du procès de 1957 contre l'éditeur, pour obscénité.

Les réalisateurs de "The celluloïd closet" délaissent donc partiellement le documentaire pour nous offrir un plaidoyer pour la franchise, l'honnêteté envers soi-même et les autres. S'ils en profitent au passage pour évoquer la ville tentaculaire, le système en opposition à l'expression, et la volonté de contrôle de la part des bien-pensants, ce n'est que pour le plaisir d'un spectateur conquis, qui vibre à l'unisson de cet homme enfin libre, incarné par un James Franco désarmant de naturel introverti.

Une choses est sûre, il a toujours été particulièrement difficile d'aborder la poésie au cinéma, preuve en est la relative déception autour du "Bright star" de Jane Campion, dont les rares scènes magiques ne sont pas celles qui évoquent la poésie ou l'écriture elle-même. Ici c'est le mélange tourbillonnant des mots et des images, qui évoque bien la créativité bouillonnante d'un homme aux idées noires, mais qui aspire à la vie, et qui mourra pourtant à seulement 47 ans.

Mais en ces périodes de retour en force des courants moralisateurs et bien-pensants, le film revêt également un aspect militant, pour le choix de sa sexualité bien entendu, mais aussi pour la liberté d'expression et de vocabulaire. Les scènes de procès sont un vrai régal, chacun des témoin se ridiculisant à son tour face au bon sens et à la moindre réflexion sur la logique créative. Effet d'autant plus fort que ce sont des acteurs de renom qui se prêtent au jeu de l'expert déviant. Ainsi, Marie Louise Parker affirme connaître les "règles de l'écriture" et avoir même réécrit "Faust", et d'autres évoquent la comparaison des "imitations de styles", invoquant notamment Voltaire. Une chose est sûre, la censure est dans l'air, elle fait peur, et "Howl" semble un bon antidote.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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