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EVA

Un film de Kike Maillo

Une jolie fable espagnole sur des robots autonomes

Un homme, ayant fui 10 ans auparavant, revient dans son village des Pyrénées (en Catalogne), pour reprendre ses recherches en robotique. Il y retrouve son frère, marié à celle qu’il a aimé, et leur fille Eva, tout juste 10 ans…

D'emblée le générique d'ouverture de « Eva » fascine par sa beauté. Une multitude de billes, gouttes et formes translucides se forment sous nos yeux, construisant une étrange structure. Certaines se mettent en mouvement, d'autres reflètent des bribes d'images, comme des visions, évoluant à l'intérieur. Ce film espagnol, présenté hors compétition au Festival de Venise 2011, et ayant fait l'ouverture du Festival du film fantastique de Sitges 2011, pose d'emblée le contexte : l'humanité ne peut plus se passer des robots, tout le monde ayant le sien. Certains servent de moyens pour transporter les courses, d’autres d’animaux de compagnie (le héros a un chat), etc. Les images de synthèses sont remarquablement bien intégrées à chaque plan, permettant aisément de croire à ce monde moderne où l'architecture et les humains n'ont cependant pas changé.

L'acteur allemand Daniel Bruhl (déjà à l'affiche d'un autre film espagnol, « Intruders ») joue donc les Dr Frankenstein, tentant de créer le premier robot humain libre, en composant son caractère à partir de différents types d'émotions (dont les niveaux se mesurent en unité EMO). Pour cela, il se fait aider par son étrange nièce, une intelligente petite fille dont il se sert comme modèle partiel. Cette dernière n’apparaît cependant pas suffisamment ambiguë pour faire adhérer à une idée de danger potentiel. Pourtant l'histoire se tient, menant en parallèle la création du robot et l’histoire d'amour contrariée, installant logiquement une tension entre les deux frères et la fameuse Eva.

Les interprètes s'en sortent plutôt bien, notamment la jeune Claudia Vega dans le rôle d'Eva. On découvre aussi avec étonnement le rôle confié à Lluis Homar (« Étreintes brisées »), un prototype humain d'ancienne génération, robot obsédé par l'ordre et le nettoyage. Les passages où il est présent servent à désamorcer une tension qui monte progressivement, sans pour autant atteindre des sommets. Car c'est là que le film déçoit un peu. Par excès de gentillesse, celui-ci reste dans le politiquement correct, n'engendre que peu de suspense et reste dans le domaine de la gentille illustration, malgré son discours sur la violence latente. On se dit alors que quelqu'un a peut-être utilisé sur le réalisateur la fameuse phrase de réinitialisation en cas de danger : « Qu'est-ce que tu vois quand tu fermes les yeux ? ». On aurait bien vu un vrai thriller. Ils ont préféré nous offrir un petit film de science-fiction ciblant les familles. On en sort donc un rien déçu, mais subjugué par certaines images.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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