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ET PLUS SI AFFINITÉS

Un remake qui soutient la comparaison

Xavier, professeur de musique frustré, rentre chez lui un soir, et trouve Sophie, sa femme depuis 25 ans, en train de se préparer et de mettre la table. Elle lui rappelle qu’elle a invité à dîner les voisins du dessus, un jeune couple composé d’Adèle et Alban, mais lui fait promettre qu’il n’abordera pas le sujet qui fâche : les bruits des ébats de ces derniers, la nuit. Alors que la soirée commence, au moment de passer à table, ce sont eux, pas si gênés, qui abordent le sujet, souhaitant en apparence s’excuser…

"Et plus si affinités" est certes un titre qui a déjà été usé jusqu'à la corde au cinéma, avec notamment le formidable "Next Stop Wonderland" de Brad Anderson en 1999, rebaptisé ainsi pour sa sortie française, "Et (beaucoup) plus si affinités" de Michael Dowse avec Adam Driver en 2014 ("What If") ou "Peace, Love et plus si affinités" en 2012 avec Paul Rudd ("Wanderlust"), ou récemment "Noël... et plus si affinités" de Gilles Paquet-Brenner, côté télévision. Il est cependant bien plus approprié et évocateur de l'intrigue de cette adaptation du film espagnol "Sentimental" de Cesc Gay (sorti en 2021), huis-clos inspiré sur la rencontre d'un couple usé avec ses voisins du dessus particulièrement libérés. Si la trame ne surprendra guère, même au niveau dialogues, ceux qui ont vu l'original, le film a tout de même le mérite d'avoir réduit quelques longueurs (les hésitations du début du mari quant à l'annulation du repas...) pour se concentrer sur les éléments de comédie liés à la sexualité.

Récompensé par pas moins de 4 prix au dernier Festival du film de comédie de l'Alpe d'Huez (Prix spécial du jury, Prix d'interprétation masculine pour Bernard Campan, et féminine pour Isabelle Carré, et surtout Prix du public), "Et plus si affinités" conserve le rythme soutenu et l'utilisation des différentes pièces de l'appartement, du huis clos de départ, pour concocter une comédie où les conventions comme les apparences volent en éclats. Ne sortant cependant pas de son format théâtral, il bénéficie tout de même de dialogues assez savoureux, mettant en décalage les pratiques échangistes et orgiaques d'un couple par rapport à l'usure et l’ennui de l'autre. Mais il doit aussi beaucoup à son quatuor d'interprètes, tous en pleine forme.

Bernard Campan fait ainsi jeu égal avec Javier Camara, en râleur de service, Isabelle Carré reprend avec un mélange de naïveté et de coquinerie voilée le rôle plus en demi-teinte de Griselda Siciliani, et Julia Faure s'en sort plutôt bien, en thérapeute pour animaux qui va s'improviser psy pour humains, mais ne parvient pas à égaler la folie de Belén Cuesta dans l'original (c’était certainement là la meilleure scène du film). Mais c'est surtout, au final, Pablo Pauly ("Murder Party", "Trois nuits par semaine") qui s'affirme en véritable révélation et vole la vedette aux trois autres. En dragueur invétéré, doté d'allusions fugaces auxquelles il ajoute un délicat jeu de regards ou de gestuelle, il provoque rire ou sourire à chaque fois que la caméra s’attache à lui. En résulte une comédie plutôt fine malgré un sujet casse gueule, qui devrait sans mal trouver son public.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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