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EMA

Un film de Pablo Larraín

Une histoire bien dure à suivre

Un couple tente de se reconstruire, après le désastre qu’a été l’adoption d’un enfant…

Ema film image

Après s’être fait remarquer avec sa trilogie chilienne "Tony Manero", "Post Mortem", "No" et le multiprimé "El Club", et avoir accédé au marché américain avec son biopic "Jackie" en 2015, Pablo Larraín revient avec cette fresque sur un couple de danseurs en pleine tourmente après qu’Ema ait chassé leur fils adoptif suite à l’immolation d’un membre de la famille par ce dernier. Le gros problème du film réside dans son écriture. En effet, la construction est très confuse et même assez éprouvante à suivre. Les personnages passent la majorité du film à s’envoyer des piques et se disputer, sans jamais que cela apporte quelque chose, ni à leur développement, ni à l’intrigue.

Il faut bien survivre aux deux premiers tiers avant enfin qu’un des personnages, Ema en l’occurrence, se décide enfin à agir et faire avancer le film. Problème encore une fois, les motivations sont très floues et le tout n’est révélé qu’à la toute fin, comme un gros retournement final. Malheureusement, à force de tout vouloir garder secret dans ce but, et même si le dénouement arrive tout de même à donner du relief à l’ensemble, "Ema" perd le spectateur en route, celui-ci ayant bien du mal à ressentir quelque empathie que ce soit envers les personnages, dont les actions sont toutes sujettes à interrogation, tellement on n’en comprend pas les raisons. Notamment le fait que tout l’entourage d’Ema lui en veuille d’avoir renvoyé son fils adoptif à l’orphelinat, au point de devoir démissionner, alors que ce dernier a tout de même brûlé sa tante (pour une raison qu’on ignore, tout le monde semble trouver cela pas si grave), laisse perplexe.

S’ajoute à tout cela, un jeu très particulier de la part des acteurs, qui, sans être mauvais, donnent l’impression d’avoir eu pour consigne de sous-jouer. C’est particulièrement vrai pour Gaël García Bernal qui balance toutes ses répliques d’une façon très monolithique, bien que son « jeu de faciès » lui soit très bon. En fait, on retiendrait presque plus les acteurs de rôles secondaires que les acteurs principaux, sans pour autant que les premiers n’effacent ces derniers.

En revanche, si l’écriture donne des crises d’urticaire, la réalisation est de très bonne facture. On notera particulièrement la maîtrise de la steadycam et la gestion de la lumière, conférant un côté clip très léché au film, aidé par les séquences de danse, très bien chorégraphiées, avec une vraie signification pour le coup en termes de mise en scène (chaque danse représentant l’état émotionnel du personnage).

Pour finir, en dehors de belles images, "Ema" peine à convaincre à cause d’enjeux bien trop flous, rendant les personnages antipathiques et l’histoire assez difficile à appréhender.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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