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ELISA ET MARCELA

Un film de Isabel Coixet

Une histoire d'amour à tout prix, qui prend trop son temps

1901 en Galice, à la pointe nord-est de l’Espagne. La jeune Elisa Sanchez Loriga revient dans le village voisin de celui où enseigne Marcela Gracia Ibeas, une amie d’école religieuse. La passion entre les deux femmes reprend, et Elisa s’habille ponctuellement en homme pour pouvoir fréquenter la jeune femme. Mais toutes deux ne sont pas très discrètes…

Elisa et Marcela image

Diffusion sur Netflix depuis le 23 mai 2019

Produit par Netflix, le dernier film d’Isabel Coixet, habituée du Festival de Berlin (où elle a présenté entre autres "The Bookshop" et "Ayer no termina nunca"), y a reçu un accueil glacial en 2019, alors qu’il était présenté en compétition. Il faut dire que "Elisa et Marcela" met un certain temps à prendre toute sa dimension, s’engluant dans un mélo de pacotille, pour dénoncer une situation pourtant fort dramatique. Toute la première partie du film, dédiée au rapprochement entre deux jeunes filles devenues camarades de classe dans une institution religieuse, n'a pour but que d’introduire la « passion » naissante entre les deux femmes. Une mise en place fleur bleue et très schématique, malgré la qualité de jeu des deux actrices (Natalia de Molina et Greta Fernández), et dont les scènes les plus mièvres sont accompagnées d'une petite musique au piano des plus redondantes.

La seconde partie du film (débutant 3 ans et demi après la première), plus dramatique, plonge les deux "amies" dans le harcèlement dû à leur condition d’homosexuelles bien décidée à vivre la passion que le clergé, la société et leurs parents, leur ont interdit étant plus jeunes. Accompagnée cette fois d'instruments à corde, celle-ci redresse un peu la barre, malgré des personnages secondaires réduits à leur minimum, la réalisatrice restant centrée sur ses deux protagonistes, sans doute pour mieux marquer leur isolement.

Si l’ensemble dénonce la persécution des homosexuels au début du XXe siècle en Espagne, puis au Portugal, s’il pose de bonnes questions sur l’union entre personnes de même sexe ou l’homoparentalité, les deux héroïnes restent des images iconiques, paraissant quelque peu sans âme. Et globalement le film, malgré sa belle photographie noir et blanc et quelques belles idées de cadrage (la perception au travers des tentacules d’un poulpe séchant, symbole de l’emprisonnement des protagonistes...), s’avère assez indigeste, les scènes érotiques frisant notamment le ridicule (la scène de douche avec – encore – un poulpe comme intermédiaire… est un grand moment de rigolade). Une grosse déception donc, malgré tout l'intérêt du sujet.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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