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THE BOOKSHOP

Un film de Isabel Coixet

Une touchante chronique de la bonne volonté

1959, Hardborough, au nord de l’Angleterre. La jeune Florence Green décide d’habiter une vieille maison désaffectée (The Old House) et d’y ouvrir une librairie, contre l’avis et les projets de la châtelaine du coin, qui voudrait en faire un Centre artistique…

La catalane Isabelle Coixet ("Ma vie sans moi", "Carte des sons de Tokyo") semble quelque peu s’assagir avec le portrait d’une jeune femme incarnant la gentillesse même, bien décidée à faire sa place au sein d’une petite communauté dont certaines des membres vont lui donner du fil à retordre. Adaptation du roman de Penelope Fitzgerald publié en 1978 et sorti en France sous les titres L'Affaire Lolita puis La Libraire, "The bookshop" s'est vu courronné en début d'année, après son passage au Festival de Berlin, de trois Goyas (Césars du cinéma espagnol) : Meilleur film, Meilleur réalisatrice et Meilleur scénario adapté.

Raconté initialement en voix-off, on oublie vite les quelques commentaires pour plonger dans l’histoire, au sein de ce village délicieusement aux points de vue bucoliques (les berges vues de la maison, la plage et le chemin vers le manoir...). Pourtant ce sont bien les manigances, les rumeurs colportées, la méchanceté gratuite qui vont dominer le récit de ce petit conte moral, où se rejoignent les plus solitaires (la libraire et le vieux et mystérieux châtelain). Cependant les tentatives sournoises pour évincer la librairie paraissent relever par moments de grosses ficelles, et les échanges avec l’avocat (par lettre interposées) brisent quelque peu le dynamisme du film.

Reste la réelle prestance des interprètes. Emily Mortimer incarne à merveille la douceur et la candeur d’une passionnée de littérature pleine de bonne volonté, et confrontée à des coups bas qu’elle n’imagine même pas. Patricia Clarkson excelle dans le rôle de la notable mielleuse et manipulatrice. Mais c'est surtout le portrait d'un homme solitaire et vieillissant que nous offre Bill Nighy ("Love actually", "Good morning England") qui bouleverse. Entre voix-off dont la nature n'est révélée qu'à la fin et parcours du combattant de l'héroïne, le charme opère et l'on retient plus la douceur de l’ensemble que l'amertume.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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