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DIEGO MARADONA

Un film de Asif Kapadia

Un remarquable travail de montage

Prodige du football venu d’un des quartiers les plus pauvres de Buenos Aires, Diego Maradona a fait l’essentiel de sa carrière à Naples, où il est devenu une légende. Mais si 85 000 personnes l’attendaient à son arrivée dans la ville en question, que s’est il passé, alors qu’il les a fait tant gagné, pour que Maradona soit obligé de partir comme un voleur ? Histoire de l’un des footballeurs qui a le plus oscillé dans l’opinion publique…

Diego Maradona film documentaire image

Asif Kapadia est célèbre pour ses documentaires introspectifs sur la vie d’Amy Winehouse ("Amy") et Ayrton Senna ("Senna"). En s’intéressant au personnage de Maradona, il a pour la première fois accès à une source encore vivante dont il peut capter la voix. Le documentaire a un format chronologique assez classique, mais il préfère aux talking heads des « commentaires d’images ». Les commentateurs ne sont autres que des joueurs proches de Maradona, mais aussi des membres de sa famille, des journalistes et des historiens, aussi bien italiens qu’argentins. Pour donner un exemple, un historien explique la haine et l’amour fou que pouvait susciter un personnage tel que Maradona, un personnage qui réunissait le tricheur et le génie, et il le fait en commentant les quarts de finale de la coupe de monde de 1986 où, en quelques minutes Maradona met un but avec la main, puis en inscrit un autre après une remonté fulgurante où il dribble cinq joueurs.

Outre un très grand travail d’archives, le film ne compte qu’une seule séquence tournée pour les besoins du documentaire, un arrière-plan nocturne de Naples pour la scène des écoutes téléphoniques qui firent tomber une partie de la Camorra et Maradona avec elle. Mais c’est donc le travail de montage qui laisse le plus pantois. En remontant des passages de matchs, Kapadia montre une autre image du football, avec des prises de vues au cadre expressif, qui se mettent à raconter et non plus seulement à transmettre.

Le documentaire se veut introspectif et Maradona, ainsi que les autres personnes interviewées ne semblent pas cacher grand chose. L’homme est honnête avec son passé et avec ce qu’il a fait. Il était un prodige détestable, arrogant, étranger. Un homme que tous voulaient à la fois voir gagner et se prendre les pieds dans le tapis. Un homme qui a choisit, en un quart de seconde, pour un but, pour la beauté du geste, de se faire haïr par une ville et un pays. Un but qui lui a fait dévaler la pente que l’opinion publique avait creusée. Mais Maradona est aussi un homme qui a souffert, et c’est peut-être la chose la plus inédite dans un documentaire sur le football, car le sujet n’est pas souvent abordé. Il s’agissait d’un homme qui voulait partir, qui voulait arrêter, mais qu’on a forcé à continuer, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus.

Le seul petit hic du documentaire est finalement que, bien qu’il soit parfaitement accessible pour un ou une néophyte du football, et qu’il soit avant tout centré sur le personnage Maradona, le mythe, creuset de haine, plus d’une centaine de minutes d’archives de buts, de matchs et d’entraînements peuvent sembler un peu longues.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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