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LES DERNIERS JOURS DU MONDE

 

POUR : Un charme étrange et bouillonnant

Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale pour laquelle il s'était décidé à quitter sa femme. Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne...

Il se dégage du nouveau film des frères Larrieu ("Peindre ou faire l'amour", "Le voyage aux Pyrénées"), un étrange charme. Comme une romance hypnotique qui après avoir envoûté le personnage d'Amalric, se propagerait au spectateur, par le biais de cette histoire improbable, peu compréhensible, mais foisonnante. Leur récit se présente comme un conte parallèle entre un présent apocalyptique dans un homme amoché erre sans autre but que de retrouver une femme disparue, et un passé situé un an plus tôt, au cours duquel le même homme vivait pleinement sa soudaine passion avec cette femme. Les aller-retours entre les deux périodes sont d'une telle fluidité, que plus on approche de la fin, plus les deux histoires se confondent, et moins la temporalité n'a finalement d'importance.

Et c'est là l'un des atouts de ce formidable film: laisser se croiser des personnages paumés, dans un monde qui court à sa perte, sans donner d'autre explication que celles qui le méritent, celles qui ont vraiment de l'importance: celles de l'intime. Pas de motif donc à ces pluies de cendres sur Biarritz, ni aux sirènes récurrentes que l'on entend au loin, encore moins à ces exodes vers une Espagne devenue refuge. Hormis quelques scènes un peu longues, comme le passage à Pamplune ou l'errance délirante de Amalric sur la fin, le film adopte une linéarité troublante, parallèle entre l'échec d'une passion et l'anéantissement d'un monde.

Celui d'Amalric, marié initialement à Karine Viard, a basculé d'un coup lors d'une rencontre inespérée. Et l'on se prend à rêver qu'une passion comme la sienne, simple, sans équivoque malgré le contexte, nous soit aussi donnée à vivre. Le vide de son présent fait mal, longtemps encore après la fin de la projection.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Voici la grande imposture de l’année 2009. Normalement, écrire une mauvaise critique d’un film qu’on a détesté doit permettre de se soulager, de faire sortir de soi la rage d’avoir perdu 2h10 (interminables) de sa vie. Mais ici, la sensation d’avoir été pris pour un con est telle, qu’il me coûte même de consacrer les dix minutes qui me seront nécessaires pour descendre ce film. Cette critique devient donc pour moi une croisade personnelle qui consiste à empêcher chaque lecteur de ces mots de voir le dernier film des frères Larrieu. Bien sûr, tous les goûts sont dans la nature, et j’accepterai, mais sans pouvoir le comprendre, que d’autres que moi puissent aimer ce film. Mais ce que je voudrais combattre, ce sont tous les aspects qui peuvent rendre ce film attrayant mais qui ne sont à mes yeux que de malins subterfuges pour attirer l’attention et attiser la curiosité, pour finalement ne pas satisfaire le spectateur pendant la séance.

D’abords, l’absurdité de l’histoire, des dialogues, des situations, est toujours alléchante en ce qu’elle peut nous sortir d’un quotidien gris et pluvieux. L’argument est connu. Mais quand cette absurdité ne provoque que l’ennui, n’apporte pas d’éclaircissement à l’intrigue et que la tentative d’interprétation et de compréhension ne conduit à rien, sinon à une forte migraine, on se rend compte de la supercherie et on commence à regretter d’avoir donné sa chance à un film qui ne mérite que des salles vides, comme miroirs révélant le fond du film: un profond néant.

Ensuite, on ne peut pas ignorer la qualité du casting: hors-contexte, réunir Mathieu Amalric, Karin Viard, Catherine Frot, Sergi Lopez et Clotide Hesme est une entreprise alléchante. Ainsi, étant fan de l’un ou de l’autre, on fonce aveuglément voir un film qu’il aurait justement plutôt fallut voir aveugle... Il est malin aussi de mettre sur l’affiche les stars à poils ou sur le point de l’être. Cela présage de scènes de nudité, de sexe, et pourquoi pas d’orgies: dans un film où l’absurdité est reine, ce serait facile à envisager. Et qui dit sexe dit appât du public... Vérifiez par exemple en tapant “sex” sur youtube, ce sont les vidéos qui comprennent le mot dans leur titre qui attirent le plus d’internautes, et souvent plusieurs millions... Mais ne vous méprenez pas, vous aurez très peu de sexe dans ce film, à part beaucoup de scènes de nudité...

Et puis quel manque de lucidité de la part de Robinson, le héros qu’incarne Amalric, d’abandonner sa Karin Viard de femme, pour courir après Laé, ce manche a balai dont il est tombé fou amoureux, et qui n’a pour seul bagage qu’un Q.I de parquet... Et les adeptes de science-fiction qui espéreraient un film apocalyptique de fin du monde devront se contenter de beaucoup de sirènes d’alarme, de cendres dans le ciel et de foules hystériques courant à la mort. Et par pitié, que la nullité que je décris ne devienne pas justement une source de curiosité et n’engendre pas la volonté de le voir néanmoins pour constater soi-même l’ampleur des dégâts !

N’allez donc JAMAIS voir ce film qui dépeint moins les derniers jours du monde que les derniers jours du cinéma français.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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