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LE ROYAUME DES ABYSSES

Un film de Tian Xiaopeng
Avec les voix de Wang Tingwen, Xin Su, Teng Kuixing...

Une animation d’une époustouflante beauté

Shenxiu, jeune fille de 10 ans, fait régulièrement un rêve où elle perd sa mère, qui s’éloigne dans une tempête de neige. En croisière en famille, elle croit justement voir sa mère et se laisse happer par un typhon d’eau, se retrouvant emportée dans les profondeurs. Croisant alors méduses, poissons et courants, elle émerge grâce à une bouée canard géante, à côté du restaurant Deep Sea, lui-même transporté par une créature gigantesque ayant globalement la forme d’un poisson…

Deep Sea film animation animated feature movie

Il y’a parfois des films d’animation où le parti pris graphique risque d’étouffer le fond de l’histoire qui est contée. Il faut se dire que "Deep Sea" faisait potentiellement partie de ceux là, affichant une telle audace dans le tourbillon visuel qui nous est donné à voir, que l’on pouvait craindre de s’éloigner du propos porté par un scénario qui peut du coup paraître en retrait. Pourtant c’est bien là tout l’intérêt d’un passage d’images de synthèses léchées, à des vagues ou volutes de peinture (certes numériques) qui marquent l’entrée dans un monde autre, permettant au spectateur de pénétrer lui aussi dans une dimension plus sensorielle que réelle. Utilisant dès les début l’image d’un hoodie (sweatshirt à capuche) déchiré flottant au fond de l’océan, c’est bien finalement le thème du deuil qui va traverser tout le long métrage, tout en réservant cependant nombre de surprises.

Hormis la jeune fille, l'autre humain dans le restaurant flottant sera le cuisinier, avec lequel elle va forcément entrer en contact, espérant comprendre pourquoi elle se retrouve là. Si certains reprocheront au film de piller quelques idées du côté du "Château Ambulant" (niveau décors) ou du "Voyage de Chihiro" de Miyazaki (la jeune fille n'ayant pas sa place ici, au milieu des clients animaux marins), c'est autour de la créature qui porte le bâtiment brinquebalant sur son dos, qu'elle devra avant tout affronter un « fantôme rouge », qui pourrait représenter en partie ses peurs. Alors qu'à chaque fois qu'elle s'endort, elle retourne dans son cauchemar enneigé, le scénario imbrique progressivement des éléments s’apparentant à une sorte de processus thérapeutique, évoquant même à un moment, des souvenirs comme brouillés par la pluie (une scène tout juste sublime graphiquement).

On admirera la capacité du réalisateur à brouiller de manière récurrente les limites entre personnages et éléments de décors ou paysages colorés, créant une sensation de fusion ou de dilution rarement observée jusque-là. Donnant réellement dans l'innovation technique, il nous plonge avec son héroïne, à la manière d'un peintre déchaîné, dans des volutes d'encre de Chine comme des mélanges incessants de couleurs. Alternant tempêtes et accalmies, "Deep Sea" nous entraîne ainsi dans une frénésie colorée, jusqu'à nous en donner le tournis, effet renforcé encore par la magnifique bande originale signée Peng Dou. Et au final le film parvient à émouvoir, au travers d'une conclusion où le moindre détail compte, qu'il s'agisse d'un bruit incongru, d'une voix qui apparaît soudainement, ou d'une silhouette dans une torche de couleurs qui servira de climax. Le revoir plusieurs fois pour la richesse des images, comme pour mieux saisir des détails de l’histoire ne sera pas un luxe.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

COMMENTAIRES

Mimi

mercredi 17 avril - 7h26

Top ce film, c est grandiose.

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