CAPTAIN AMERICA, LE SOLDAT DE L'HIVER

Plus héroïque que super...

Steve Rogers, alias Captain America, continue à mener à bien les différentes missions que lui ordonne le SHIELD. Mais en plein doute sur son engagement militaire, le super soldat va devoir en plus affronter une conspiration, celle-ci venant de l’intérieur même de l’agence militaire. Plus seul que jamais, les deux seules personnes à qui il va pouvoir accorder sa confiance sont la Veuve noire et le Faucon. Ensemble, ils vont essayer de déjouer un plan maléfique, noble cause qui les mènera vers le terrible soldat de l’hiver…

Un film estampillé "Captain America", c’est la promesse d’un film de supers héros plus humain, où les capacités surnaturelles des protagonistes sont remplacées par de bonnes bastons à l’ancienne et fusillades en tout genre. Et en ce qui concerne cette partie du contrat, ce nouvel opus tient toutes ses promesses, le soldat patriote étant plus en forme que jamais, son bouclier à la bannière étoilée toujours en fidèle compagnon. Mais après avoir découvert les origines du mythe dans un premier volet et après avoir sauvé la planète avec l’aide de ses petits camarades dans "Avengers", il va cette fois-ci devoir affronter des ennemis issus de son propre camp, une terrible conspiration ayant gangréné le SHIELD.

Alors que le choix d’Anthony et Joe Russo, notamment connus pour leurs travaux sur les séries "Arrested Development" et "Community", laissait présager un tournant humoristique assumé, c’est dans la même veine que le premier que s’inscrit pourtant ce long-métrage : sérieux et historique. Prenant des airs de thriller politique, le film bénéficie d’un ton original, qui alterne scènes d’actions obligatoires avec des séquences plus intimistes, où les personnages vont affronter des doutes personnels en plus de dézinguer tout ce qui bouge. Plus que le film d’action pétaradant, ce "Captain America, le soldat de l’hiver" développe des problématiques bien plus intéressantes en toile de fond, comme la question de l’héritage, du dévouement ou, de manière quasi-philosophique, l’éternelle influence de notre passé sur le présent.

Bien évidemment, tous ces thèmes plus profonds que la simple effusion de sang sont à peine effleurés, cahier des charges oblige, mais cette ambition scénaristique a le mérite d’offrir un cachet à l’ensemble, une célébration du rétro qui colle parfaitement au personnage archétypal du Capitaine. Conscients des faiblesses de leur personnage principal, les scénaristes ont également eu la bonne idée d’inclure la Veuve noire comme équivalent du héros, faire-valoir permettant de combler une personnalité tellement lisse qu’elle le rend à la limite du stupide. Rejoints ensuite par le faucon, les trois compagnons donnent tout le rythme et la consistance au projet, même si on espère que ce nouveau venu dans la team héroïque verra sa psychologie plus développée dans les prochains épisodes.

Malheureusement, si certaines scènes d’action sont parfaitement à la hauteur des espérances des fans, comme la course poursuite impliquant Nick Fury ou la bagarre claustro dans un ascenseur, le film pâtit de nombreuses lacunes, en particulier du côté des méchants, où chacune de leurs répliques frise le ridicule, malgré le talent indéniable de Robert Redford. Bien trop bavard, le côté poli et sérieux empêche au métrage de prendre son envolée, et l’abondance d’explosions finales n’y changera rien. Alors que les scénaristes avaient injecté quelques subtilités dans une intrigue brouillonne et titubante, la surenchère d’effets spéciaux dans les dernières minutes atténue totalement toute forme d’originalité, le film tombant dans les carcans habituels de genre.

Malgré ses (nombreux) défauts, "Captain America, le soldat de l’hiver" demeure un bon moment, en particulier parce qu’il permet enfin au personnage de la Veuve noire de véritablement exister. Et surtout, lorsque ce nouvel épisode oublie ses exigences marveliennes lui incombant, et assume pleinement son côté thriller diplomatique tourmenté, il nous offre des séquences bien plus réjouissantes que lorsqu’il se contente de la recherche banale du spectaculaire. Si cet opus n’apporte pas grand-chose à la phase 2 de Marvel, il a au moins le mérite de s’intéresser autant aux tourments des héros qu’à son quota de déflagrations et cascades. Il faudra nécessairement corriger le tir quant au patriotisme exacerbé du super soldat pour que celui-ci obtienne enfin la place qu’il mérite dans le cœur des aficionados, mais l’espoir est de mise. Wait and see

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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