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BOY ERASED

Un film de Joel Edgerton

Une chronique anecdotique et sans âme

Jared découvre les plaisirs de la vie sur un campus étudiant. Loin de ses parents, et de sa petite ville natale, il peut enfin être lui-même, et assumer ses désirs homosexuels. Mais lorsqu’il avoue la vérité à ses parents, dont son père pasteur, le jeune homme est envoyé dans un centre de réorientation sexuelle…

Boy Erased film image

En 2015, le comédien Joel Edgerton avait surpris son monde en passant derrière la caméra pour un thriller malicieux, "The Gift", sorti directement en VOD et sur Netflix de notre côté de l’Atlantique. Savoir que le cinéaste allait s’emparer d’un motif aussi fort que les thérapies de conversion laissait présumer une œuvre engagée et audacieuse où les qualités aperçues dans sa première réalisation pourraient éclater à nouveau. Malheureusement pour le spectateur, l’acteur et metteur en scène australien ne transforme pas l’essai et accumule les maladresses dans un récit ampoulé et convenu qui ne s’élève jamais au niveau de sa thématique.

Aux États-Unis, comme dans une centaine d’autres pays, dont la France, des centres sont aujourd’hui encore habilités pour « rééduquer » des adolescents afin que ceux-ci « soignent » leur homosexualité. C’est précisément dans une de ses thérapies que va être envoyé le jeune Jared, dont les émois amoureux ne sont pas compatibles avec la profession pastorale du père. Avec un didactisme assommant, une construction elliptique pataude et des ressorts mélodramatiques niaiseux, "Boy Erased" apparaît comme écrasé par le poids de son thème.

Enfermant ses protagonistes dans des situations redondantes et insipides, le film réussit même l’exploit de devenir insignifiant tant toute velléité cinématographique est sacrifiée au profit d’une prétendue émotion. Au milieu de ce drame archétypal, seule la prestation de Nicole Kidman est à retenir, excellente en mère tiraillée entre sa foi et l’amour de son fils ; consolation bien maigre pour une œuvre qui aurait dû respirer la révolte à chaque instant. Pour voir Lucas Hedges titiller nos glandes lacrymales, il vaudra mieux se limiter au récent "Ben is back", tandis que pour la question de ces établissements de réorientation sexuelle, le subtil "Come as You Are" se suffit comme référence.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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