BERNADETTE A DISPARU

Un film de Richard Linklater

Un grand rôle pour Cate Blanchett dans un film au potentiel minimisé

Bernadette Fox vit à Seattle dans une maison délabrée qu’elle est supposée rénover, une demeure entourée de ronces qui envahissent le jardin et les alentours. Très proche de sa fille Bee, adolescente de 15 ans, elle fut autrefois une architecte primée, mais est aujourd’hui insomniaque, sous anxiolytiques, et incapable de s’entendre avec qui que ce soit. Un beau jour, accablée de reproches, elle disparaît, au grand désarroi de sa fille…

Bernadette a disparu film

Le nouveau film de Richard Linklater ("Boyhood", "Before Sunrise" et ses suites) débute dans le calme d’une étendue d’eau glacée, où évoluent des kayaks, avant d’opérer, en suivant la voix-off de Bee, la fille de Bernadette, disparue, un retour en arrière de quelques cinq semaines, à l’époque où celle-ci avait proposé justement un voyage familial en Antarctique. Et c’est cet endroit, synonyme de calme et de capacité potentielle à se retrouver soi-même, qui deviendra en quelque sorte le cap de cette riche histoire, dessinant par flash-backs et discussions croisées, le portrait d’une femme égarée.

Une richesse, liée sans doute à celle du roman éponyme de Maria Semple (publié en 2012), et aux nombreux thèmes abordés au fil du récit, entre névrose et besoin de créer, déprime et surcroît d’activités, délitement de l’amour et besoin de contact, confiance en une technologie visionnaire et banalité de la vie. Un peu débordé par tout cela, le scénario de Linklater, écrit à trois mains avec Holly Gent Palmo et Vince Palmo, cherche à ménager le suspense, dévoilant par bribes le trauma qui a amené le personnage principal dans une impasse, jusqu'à un isolement que même son mari lui reproche. Et le film multiple les pistes narratives, croisant les discussions entre mari et psychiatre d’un côté, entre femme et un ami architecte de l’autre, montrant un bout de reportage encensant le travail de Bernadette, et faisant même intervenir des tiers inattendus, ceci afin de nous emmener vers un final à la fois surprenant dans ce qu'il convoque comme décors, et attendu dans ses ressorts dramatiques.

L'émotion est cependant bien présente, jaillissant lors de plusieurs séquences, lors du second contact avec une voisine devenue ennemie, et jusque dans cet incroyable (et vrai) générique de fin, mettant en avant le génie constructif de l'Homme. Quant à Cate Blanchett, elle donne à nouveau le meilleur d'elle même, en femme perdue dans ses névroses, sans toutefois attendre les sommets qui lui avaient valu de récolter un Oscar dans le même registre, pour "Blue Jasmine" de Woody Allen. Si le film veut sans doute trop embrasser de sujets, il n'en reste pas moins une série de constats réalistes sur l'existence (ce n'est pas pour rien que le film se termine avec le "Time after Time" de Cyndi Lauper), et surtout un élan de vie, qui vous emporte forcément.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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