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AZUR ET ASMAR

Un film de Michel Ocelot

Haut en couleurs

Il y a bien longtemps, deux enfants, Azur, blond aux yeux bleus et Asmar, brun aux yeux noirs, étaient élevés ensemble par la même nourrice. Mais un jour, le châtelain décida que son fils, Azur devait prendre un précepteur, et chassa la nourrice et son fils, Asmar. Devenu adulte, hanté par la légende de la fée des Djinns, Azur décida de traverser la mer, dans l’espoir de libérer celle-ci…

L'auteur des deux épisodes de Kirikou, célèbre animateur français, Michel Ocelot, revient avec une fable qu'il a mis 4 ans à produire, et qui cette fois-ci évite intelligemment les passages chantés. Avec cette aventure digne des contes de mille et une nuits, et jalonnée d’étapes, correspondant à diverses énigmes ou prophéties annoncées, il tape dans le mille, aussi bien au niveau scénario qu'animation. Et il réussit là son meilleur film jusqu'à ce jour, à la fois magique, poétique, instructif et visuellement sublime.

Du côté technique, Michel Ocelot s'est essayé cette fois à l'image de synthèse, et ce de manière plutôt convaincante. Dans "Azur et Asmar", il mêle savamment dans sa composition des personnages, des aplats de couleurs pour les vêtements, et des volumes en 3D pour les parties du corps visibles (visages, mains, pieds…). Ce parti pris affaiblit quelque peu le réalisme du mouvement, mais ce n'était pas forcément là l'effet recherché. Car dans son monde, les enfants par exemple se déplacent en courant très vite… ajoutant au côté féerique de l'ensemble.

Les décors et animaux y sont bardés de couleurs sublimes, rayonnantes et chaleureuses. Et Ocelot compose de véritables tableaux plutôt réalistes, allant jusqu'à des niveaux de détails subjuguants, avec par exemple de nombreux motifs de mosaïques. Il joue également sur des effets de tâche ou d'éclaboussures, comme lorsque les deux enfants se battent dans la paille ou dans la boue, pour donner une certaine texture à ses personnages.

Mais après les contes sages de "Kirikou", portant sur des leçons de courage ou de vie en société, Ocelot a trouvé ici matière à parler avec intelligence de divers sujets de société intimement mêlés, tels le racisme, les préjugés, les superstitions (ici, les yeux bleus sont une malédiction pour les arabes, confrontés aux chats noirs qui sont synonymes de malchance pour les européens), ou encore l'acceptation de l’autre. Alors espérons que les spectateurs, jeunes et moins jeunes feront un accueil triomphal à ce picturalement superbe dessin animé, qui prône de manière juste et ludique un certain mariage des cultures.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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