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ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES

Un film de Caroline Vignal

Une comédie dramatique parfaitement dosée, avec une Laure Calamy épatante

Antoinette est une institutrice exubérante. Elle entretient une liaison avec Vladimir, un parent d’élève. Mais le jour de la fête de fin d’année, alors qu’elle réussit à l’entraîner dans sa classe, loin de sa femme, celui-ci lui apprend qu’il ne pourra pas passer la semaine suivante à Paris avec elle comme prévu, mais qu’il part faire une randonnée dans les Cévennes avec sa femme et sa fille. Frustrée, Antoinette réserve spontanément le même parcours, consistant en une marche avec un âne sur une semaine. Mais une fois arrivée au gîte, elle découvre qu’il existe d’autres trajets et gîtes…

Antoinette dans les Cévennes film

Le film affiche d’emblée une certaine fraîcheur doublée d’une insouciance, avec une scène de kermesse durant laquelle les CM2 entonnent avec leur maîtresse la chanson de Véronique Sanson "Amoureuse". Un message directement adressé à Vladimir, son amant, père d’une de ses élèves, qui est dans l’assistance et qui s’avère séduit par cette forme d’audace. Commence ensuite une sorte de chemin de croix pour le personnage d’Antoinette, devant ravaler sa fierté et revoir ses espérances, entre accoutumance à l’âne capricieux qui l’accompagne (répondant au doux nom de Patrick), échanges francs avec d’autres randonneurs qui considèrent son voyage de différentes manières (certains la jugeant, d’autres compatissant...) et rencontres inattendues.

Ponctués des moments d’épuisement et de détresse de cette femme ouverte et sans réel filtre, ce road-movie sur les traces (et en parallèle) de Robert Louis Stevenson (qui a écrit "Voyage dans les Cévennes avec un âne" en 1879) offre un condensé d’humanité et de bienveillance, alors qu’Antoinette devient une sorte de légende du GR. Mise face à ses propres contradictions et à un questionnement forcé autour de l’adultère, le personnage interprété avec passion par la formidable Laure Calamy (la secrétaire amoureuse dans la série "Dix pour cent", également dans "Seule les bêtes" et "Sibyl"), affiche sa naïveté, assume ses colères, lutte contre ses découragements et s’affirme comme une femme aussi entière qu’imprévisible. Rappelant que l’important n’est pas la destination mais le chemin, Antoinette, Eléonore (lumineuse Olivia Côte) et Vladimir (parfait Benjamin Lavernhe en mari flippé), en parcourant les paysages envoûtants des Cévennes, nous en offrent un beau, vers la compréhension du couple, la nature du désir et du lien entre les êtres. Mais surtout vers une certaine forme de liberté. On adore ce film labellisé sélection Cannes 2020 !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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