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38 5 QUAI DES ORFÈVRES

Un film de Benjamin Lehrer

Une parodie irrésistible portée par Caroline Anglade

Clarisse Sterling, une jeune enquêtrice, aussi chanceuse que douée, vient d’intégrer les équipes du quai des Orfèvres. Elle est bientôt chargée d’une enquête sur un serial killer surnommé Le Vers Solitaire, qui laisse des citations en alexandrins sur ses scènes de crimes, indiquant ainsi les modalités de son prochain meurtre. Sous l’autorité du commissaire Keller, Clarisse va devoir montrer tout son potentiel…

38°5 Quai des Orfèvres film

Comme l’a souligné, en début d’année, le jury du Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, présidé par Karin Viard, les films qui s’aventurent dans le genre de la parodie sont rarement réussis, et souligner que "38°5 Quai des Orfèvres" fait exception, et réalise un véritable tour de force, en lui remettant le Grand Prix, était un signal envoyé aux professionnels et au public. Nul doute que ce dernier, avec de plus la fête du cinéma qui se profile d’ici une dizaine de jours, devrait faire un triomphe à ce long métrage, qui sent déjà le film culte à plein nez. Dire que l’on a enfin trouvé, presque 30 ans après, un film parodique du niveau de "La Cité de la peur", n’est pas euphémisme.

Il faut dire que malgré une multitude de digressions et quasiment un gag à la minute, qu’il soit visuel ou dialogué, le métrage dispose d’un véritable scénario de film policier, en forme d’enquête, qui apporte suspense et fausses pistes. S’ouvrant sur un carton d’avertissement façon "New York Unité Spéciale", et après une scène d’intro loufoque, où une femme déguisée en lapin et un homme en cerf sont tous deux abattus par des chasseurs, le générique de début à la sauce police scientifique ("Les Experts – C.S.I.") enfonce le clou niveau références. Et si globalement la référence principale demeurera "Le Silence des Agneaux", à la fois pour le nom du personnage principal (Clarisse Sterling), clin d’œil à celui interprété autrefois par Jodie Foster , mais aussi pour les scènes d’interrogatoires dans une prison (« Les Flots bleus ! ») avec un tueur légendaire (Pascal Demolon, impeccable), chaque scène est à la fois empreinte de sérieux, d’un léger décalage, un détail venant servir de grain sel, comme ici le surprenant voisin de cellule du tueur.

Mais au fil du récit, les clins d’œils seront multiples et régaleront les spectateurs attentifs, des profilages absurdes comme dans "Esprits Criminels", au concours de médecins légistes « Autop Chef » avec un Artus plus inspiré que jamais dans l’humour pince sans rire, en passant par des chorégraphies de combat à la "Matrix" ou, plus inattendu, les parents muets de l’enquêtrice (qui permettent de pencher du côté de "La Famille Bélier"), tout y passe, jusqu’au « célèbre pénaliste... Maître Gim’s » ! Benjamin Lehrer nous régale de bout en bout, se moquant du politiquement correct actuel (voir la scène d’interrogatoire d’un étrange suspect) et osant tous les excès. Mais la réussite du film doit aussi beaucoup à ses interprètes, à la fois justes et décalés, Caroline Anglade au premier rang, qui semble réellement s'amuser, jouant sur les mots et assumant les dialogues délicieusement absurdes. Viennent l’épauler, Didier Bourdon en commissaire très à cheval sur sa propre starification, Artus en médecin légiste sans filtre, ou encore Frédérique Bel en journaliste séductrice, autant prête à manipuler les hommes que les femmes. On en redemande.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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