Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

INTERVIEW

SEULES LES BÊTES

Dominik Moll

réalisateur et scénariste

Dans le petit salon du Comoedia, Dominik Moll, 57 ans, réalisateur français de « Harry un ami qui vous veut de bien » et « Des nouvelles de la planète mars« , nous parle de son dernier film, adaptation du roman de Colin Niel, « Seules les bêtes« .

Entretien Rencontre Interview Seules les bêtes
© Haut et Court

 

Adapter le roman de Colin Niel

Avouant d’emblée que l’auteur est « très content de l’adaptation », il indique qu’il souhait « rester fidèle à l’esprit du bouquin » mais que la gageure consistait à passer de chapitres tous raconté à la première personne, à un film intelligible pour le spectateur. Il a dû ainsi « se détacher des monologues intérieurs » de chacun de personnages, et rajouter quelques éléments visuels qui rajoutent à la tension, tels la mort d’un des personnages ou la découverte du cadavre du chien.

Ayant eu connaissance du livre grâce à une amie qui revenait de Quais du polar (à Lyon), il n’avait cependant pas eu initialement l’intention de l’adapter. C’est lorsque Haut et Court a pris une option sur le film, et qu’il a rencontré les producteurs, que leur « envie mutuelle » a donné naissance au projet. Ensuite l’écriture à quatre mains « avec Gilles Marchand, s’est faite plus simplement que ce » qu’il pouvait craindre, se concentrant « sur l’os », et entraînant l’élimination « de quelques personnages secondaires ».

Ils ont ainsi repris globalement la structure du roman, mais avec 4 chapitres au lieu de 5, la quatrième partie trouvant son équilibre dans le fait de passer d’un personnage à l’autre, plutôt que de se concentrer sur un seul, comme les chapitres précédents. Et alors que le roman commence avec Alice, ils ont également « rajouté le prologue », comme élément intrigant, et afin « de dire qu’il y aura un ailleurs » au Causse. Il précise que dans le roman, « l’arrivée de l’Afrique (présente dans le prologue) est encore plus surprenante ».

Le goût du contraste

Lorsqu’il est interrogé sur son goût pour le contraste (entre les lieux - le Causse et l’Afrique - , comme les deux personnages féminins), il répond qu’il s’agit aussi d’un contraste entre « grands espaces » du plateau et « intérieurs très confinés » (étables…). On notera aussi le grand écart musical réalisé entre une version originale d’un morceau dans un scène et une version modernisée au générique de fin. Cette addition lui a été « suggérée par le monteur » et c’était pour lui évocateur de la solitude qui marque chacun des personnages.

Il a, en tous cas, souhaité créer une sorte de « jeu de pistes » dans lequel le spectateur est actif, un « film ludique » et choral, dont les personnages sont très éloignés de lui. Il tenait cependant à traduire ici la solitudes agriculteurs, qui si « elle n’est pas le sujet du film » (contrairement à "Au nom de la terre" ou "Petit Paysan") est cependant une dimension sociale qui est « peut-être plus présente dans le roman ».

De la difficulté du tournage et du casting

Les scènes de Chat (tchat) dans le film sont certainement « celles qui lui ont le plus fait peur ». Le spectateur peut en effet vite « se lasser, de voir un personnage devant son écran ». Mais il est fier du résultat, car ces scènes fonctionnent très bien, « grâce aux comédiens », notamment à Denis Ménochet, qui « vivait tellement les conversations ». Il a aussi été très compliquées de filmer avec la météo du Causse (plus qu’avec le grouillement de la ville africaine). Il avoue qu’ils « ont prié pour avoir de la neige », mais qu’une fois arrivée, celle-ci demande une énorme « adaptation au niveau logistique ».

Très heureux de son casting, des contre-emplois de Laure Calamy et Valeria Bruni-Tedeschi, au personnage imposant de Denis Ménochet, il lui a fallu cependant trouver de vrais « broutteurs » (arnaqueurs en ligne), en faisant un casting sauvage. Il avait vu "Vivre riche", un documentaire sur le sujet, et c’est le réalisateur de celui-ci qui lui a « ouvert les portes », permettant de trouver des figurants comme le personnage de Bibisse, dont le « côté filou malin et sympathique […] permet d’être en empathie ». D’autant que son personnage, les spectateurs le verront, a un rôle clé dans cette complexe histoire, où les hasards ont une certaine importance.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT