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INTERVIEW

QUI PERD GAGNE !

Ce qui a incité Laurent Bénégui à faire un film sur le jeu était en partie le fait qu’il prend lui même un grand plaisir à jouer, mais aussi que c’était là l’occasion d’avoir une réflexion sur la société. Il trouvait intéressant également de faire que le film soit lui-même une sorte d…

© Olivier Bachelard

Ce qui a incité Laurent Bénégui à faire un film sur le jeu était en partie le fait qu'il prend lui même un grand plaisir à jouer, mais aussi que c'était là l'occasion d'avoir une réflexion sur la société. Il trouvait intéressant également de faire que le film soit lui-même une sorte de jeu géant. Le choix du LOTO a été fait car il voulait un vecteur que tout le monde connaît. Dans son film, tout le monde joue : Jacques – Lhermitte avec la Loi, Vaudier – Bénichou avec les sciences. Pour lui, il n'y a pas de rapport entre jeu et morale, et la fin, où l'on a souvent envie que le héros s'en tire, relève plus de la conclusion d'une partie d'échec.

On est aujourd'hui dans une période où tout ce qui gagne, domine. On nage dans le qui gagne, gagne permanent. Ici, il voulait montrer que même les perdants peuvent gagner. Et Elsa Zylberstein ajoute qu'il faut parfois savoir lâcher prise pour gagner. Pour ce film, Laurent Benegui a fait des recherches sur les facultés liées à la mémoire. L'hypermnésie du personnage de Lhermitte l'oblige à brûler symboliquement ses souvenirs. Puis, il s'est intéressé à la Française de jeux, et aux policiers des RG qui surveillent les établissements.

Il a attendu que le scénario soit bouclé pour le faire lire aux acteurs. Ce qui a séduit Elsa Zylbertsein dans ce script était plutôt l'intrigue, l'arnaque. Et aussi l'élégance affirmée du récit, la dualité et les paradoxes de chacun des deux personnages principaux. Le fait que son personnage soit bien habillé a un sens. Elle ne doit pas dénoter dans le monde d'hommes dans lequel elle travaille. Son personnage a ainsi une certaine masculinité, un autoritarisme. Elle devait être sûr d'elle, ce que Elsa a tenté de contre balancer en lui apportant de la fragilité. Quelque part, le métier de flic ne devait plus entrer en compte quand elle est amoureuse. Pour Elsa Zylberstein, le spectateur a souvent une image préconçue des flics. Elle a ainsi souhaité rencontrer une femme flic, issue de la brigade des jeux. Et elle a cherché à créer son personnage, loin des clichés.

La différence de rythme entre la première scène, et le reste du film, plutôt raffiné, n'a pas frappé le réalisateur, qui trouve le film rythmé de bout en bout. L'idée du magnifique plan sur les containers a rendu chèvre les gens de la déco, car bien évidemment ceux-ci ne sont pas numérotés de la sorte. Il fallait qu'ils ressemblent à un tapis de roulette. Il a souhaité aller jusqu'au bout du jeu. Il a d'ailleurs mis une petite roulette sur le bureau de Bracht, mais personne ne la voit. La scène où on voit des chiffres partout lui tient particulièrement à cœur, même si certains la trouvent excessive. Et il avoue avoir couper une scène au montage, celle de la plage, qui ne convenait pas.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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