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DOSSIERHommage

Luc Besson : souvenirs d’une époque faste pour un réalisateur culte

La rédaction d'Abus de Ciné se souvient des premiers émois provoqués par le cinéma de Luc Besson, en constatant une certaine fracture depuis l'arrivée du nouveau millénaire !

"Les Dents de la mer" versus "Le Grand Bleu"
par Mathieu Payan

Un paradoxe m’a longtemps hanté quand fin des années 80/début des années 90, j’ai découvert deux films majeurs du cinéma. Deux longs métrages diamétralement opposés et qui squattent néanmoins le haut de mon top films.
J’ai d’abord été effroyablement marqué par "Les Dents de la mer" qui m’hypnotisait par la force de ses images, de sa musique et de ses plans incroyables. Steven Spielberg (cinéaste vénéré par Besson) allait alors devenir mon préféré d’entre tous. Sauf que je n’ai jamais pu mater ce film les pieds par terre et que depuis j’ai toujours une légère appréhension en allant me baigner !
Et puis j’ai été cueilli par l’antithèse de ce film, "Le Grand Bleu" de Luc Besson. Cette œuvre, qui m’a noyé de chagrin, m’a, de la même manière que "Les Dents de la mer", saisi par la force de ses images, de sa musique et des plans incroyables de cet autre réalisateur qui allait devenir le dauphin de mes préférés !... Me réconciliant en partie avec les grandes étendues d’eaux bleues !
"Nikita", "Léon", "Le Cinquième Élément" et "Jeanne d’Arc", aucun de ses films suivants (ni même "Subway" découvert plus tard) ne m’ont déçu, mais force est de constater que j’ai décroché un peu plus à chaque long-métrage pour ne finalement plus aller voir au cinéma ceux qui ont suivi… J’avais peut-être grandi et mûri plus vite que Luc, longtemps resté un grand enfant !
2014 marque toutefois un tournant puisque l’envie de retourner voir son cinéma sur grand écran m’est revenue. J’irai donc voir "Lucy", même si, je l’avoue, je ne m’attends pas à découvrir un futur classique du 7e art comme peuvent l’être les titres de la première moitié de sa filmographie, mais davantage à un divertissement pur comme peut l’être sa seconde moitié. Certes Besson semble avoir grandi mais il paraît toujours s’adresser à la même population de grands enfants… !

 

Saint Luc ou sans Luc !
par Raphaël Jullien

Il y a deux Luc Besson dans ma vie de cinéphile : celui qui m'a enthousiasmé dans les années 80-90 et celui qui m'indiffère voire m'exaspère depuis les années 2000 – et au vu du top 5 de la rédaction d’Abus de Ciné, je ne semble pas être le seul ! Malgré ce deuxième Luc, je lui voue un certain culte car je lui dois une certaine part de mon amour pour le cinéma. Son "Grand Bleu" a sans doute été le premier film dont j'ai été fan et son atmosphère a bercé une partie de ma jeunesse (y compris grâce à la BO d'Eric Serra). Son "Léon" aussi m'a fasciné, plutôt à l'adolescence. Depuis son expérimental "Dernier Combat", Besson avait tracé sa route en cinéaste prometteur, créant un univers personnel dans lequel les personnages étaient mus par un tel romantisme qu'ils étaient susceptibles de résonner avec les questions métaphysiques (conscientes ou inconscientes) de l'être en construction que j'étais – moi aussi je suis un produit des années 80-90 ! D'autre part, il n'est sans doute pas impossible que ses héroïnes féminines (Nikita, Mathilda, Leeloo...) aient contribué à faire de moi un ardent partisan de l'égalité entre hommes et femmes.
Quand est sorti "Jeanne d'Arc", que j'ai globalement apprécié (notamment grâce aux scènes avec la conscience de Jeanne jouée par Dustin Hoffman), je pressentais déjà un début de désamour, dérangé notamment par certains jeux caricaturaux et une partie de l'humour, qui me paraissaient inappropriées voire anachroniques. Lorsqu'est arrivé "Angel-A", l'espoir de voir un film intimiste, romantique et esthétique s'est transformé en déception face une niaiserie abyssale que la belle photo noir et blanc de Thierry Arbogast ne suffisait pas à sauver ! Le premier épisode de la saga "Arthur et les Minimoys" a ensuite confirmé mes craintes : Besson était entré dans un cycle de divertissement pur qui manque de fond, de nuance et d'émotion. Depuis, à mon grand regret, j'ai préféré éviter ses réalisations (seul "The Lady" m'a tenté). Son activité de producteur n'a fait que renforcer ce crève-cœur : à part quelques perles trop rares ("Trois enterrements", "Ne le dis à personne", "I Love You Phillip Morris"…), cette autre filmographie ne fait qu'alimenter la part beauf du cinéma français – celle qui ne semble pas avoir pris acte du changement de millénaire. Snif.

 

En apnée devant l'écran
par Gaëlle Bouché

J’étais en première lorsque la déferlante bleue s’abattit sur la France. Déjà mordue de ciné, je rechignais à aller voir LE film qui faisait tomber en pâmoison toutes les filles du lycée. Ado revêche et stupide, je n’allais pas m’abaisser à aller voir un film de midinettes, moi qui n’allais voir que des films que les autres ne voyaient pas. Puis Alice, ma meilleure copine, m’a enregistré la BO sur une cassette. Et là ce fut le déclic, après avoir plané des heures durant sur la musique hypnotique d’Éric Serra, je pris ma claque comme tout le monde, en apnée devant l’écran.
Mon attitude était d’autant plus ridicule, vu que trois ans auparavant j’avais adoré "Subway". Je connaissais les répliques par cœur et adorais imiter Adjani, blasée et pimbêche, lors du fameux dîner où elle insulte tout le monde. Ce film « underground » restera jusqu’ici mon préféré de Luc Besson avec « Le Cinquième élément » car ils représentent pour moi le meilleur du cinéaste. Un casting hors pair, des scènes d’action effrénées, rythmées de musiques enivrantes et surtout des dialogues drôles et incisifs. Reste à voir si « Lucy » saura être à la hauteur pour renouer avec la magie Besson des premiers instants.

 

Voyage vers les rêves
par Guillaume Gas

Le plus lointain souvenir que j’ai de Luc Besson n’est pas tellement un film en particulier (je ne saurais dire si le premier que j’ai pu voir était "Le Grand Bleu" ou "Atlantis"). Il s’agirait plutôt d’un effet de style très précis, identifiable en un seul plan et généralement placé au début du générique : une caméra en plongée qui survole à grande vitesse une étendue difficile à définir, avant de se redresser à l’horizontale face à la direction du travelling, ce qui clarifie l’environnement proposé et fait alors apparaître le titre du film.
Qu’il s’agisse de la mer dans "Le Grand Bleu", d’une chaussée mouillée dans "Nikita", du secteur de Central Park dans "Léon" ou d’une nuée d’astéroïdes dans "Le Cinquième élément", ce fut l’une des premières fois où je me suis dit qu’un mouvement de caméra, placé à un moment précis du montage, pouvait en soi suffire à définir le style de son cinéaste. Avec le recul, je considère que je m’étais un peu trompé, puisque les quatre films précités étaient les seuls de Luc Besson à inclure ce travelling d’ouverture.
Mais pour autant, au vu des thématiques généralement abordées par Besson dans ses propres réalisations et de son désir de créer des univers de pure évasion, destinés à oublier le réel et à encourager les rêves, je garde encore en tête que cet effet de style reste la preuve la plus élémentaire de ce qui fait la « patte Besson » : une fois le générique entamé, le spectateur est invité à se décontracter et à s’évader, le plus souvent à toute vitesse. Après, que l’on aime ou pas le voyage proposé est une remarque subjective qui n’appartient qu’au spectateur…

 

Mes premières fois avec Luc Besson
par David Brejon

Le premier visionnage des films de Luc Besson a été marqué par de nombreux éléments identitaires de ses premières réalisations.
La première image qui me vient à l'esprit est d’ordre capillaire : la couleur de cheveu peroxydé de Christophe Lambert dans "Subway" qui, en 1985, a étonné tout le monde pour l'époque. De plus, la musique composée par Éric Serra a été très marquante dans ma mémoire.
Seconde ambiance remarquable avec Luc Besson : "Le Grand bleu" grâce tout d’abord à un casting fort, grâce à cette incroyable musique du fidèle Éric Serra et grâce enfin à ces images de plongée merveilleuses.
Les films qui suivront auront toujours un univers intense et à chaque fois un personnage principal puissant et déclencheur de carrière (Natalie Portman, Milla Jovovich).
Le film qui m'a impressionné reste "Le Cinquième élément", en 1997, avec les tenues extravagantes créées par Jean-Paul Gaultier et le personnage secondaire joué par Chris Tucker en animateur de radio déjanté (« C’est green ! »). Je n’oublie pas l’énième bande son d'Éric Serra, dont le morceau interprété par Maïwenn en cantatrice, ni le début de la bataille dans le bateau spatial.
"Le Cinquième élément" marquera aussi le début pour moi de l’ancêtre du DVD : le Laserdisc avec un son sur l'ampli qui restera gravé dans ma mémoire.

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