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UNICORN WARS

Un film de Alberto Vázquez

Un film d’animation féroce, sur l’engrenage de la haine

Les ours, censés être des êtres supérieurs ayant trouvé Dieu, ont été chassés suite à leur défaite face aux licornes. Mais guidé par la légende, qui dit que boire le sang de la dernière licorne permet d’obtenir la beauté éternelle, un commando d’oursons se lance dans la forêt magique, bien décidé à en découdre avec les licornes. Parmi eux, Célestin, ourson bleu aux yeux bleus obsédé par sa propre beauté, et son frère Dodu, ourson rose bedonnant aux yeux roses, plus intéressé par les myrtilles que par la guerre…

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"Unicorn Wars" d’Alberto Vázquez, passé par la compétition du dernier Festival du film d’animation d’Annecy, où son auteur a été primé pour son court métrage "Decorado"en 2016 et avait fait sensation avec son premier long "Psiconautas" (lauréat Goya du meilleur film d’animation en 2017), est un film d’animation à part. Étendant en quelque sorte l’univers de l’un de ses courts métrages, "Sangre de Unicornio" (2013), qui mettait déjà en scène deux frères ours chassant des licornes, dont la chair au goût de myrtille faisait l’effet d’un élixir de jouvence. Ce nouveau long métrage met en scène deux frères, Célestin (en version originale Azulin – ou « le petit bleu ») obsédé par la beauté, volontaire et belliqueux, devenant le rival du costaud Coco (l’ourson jaune), véritable machine de guerre, et son frère, le gourmand et paisible Dodu (en version originale Gordi) aussi surnommé Meón (en VO), car il fait encore pipi au lit.

D’un point de vue pictural, l’auteur développe un univers bien à lui, à la beauté indéniable, tantôt teintée de références colorées enfantines (les oursons, les grand yeux innocents, la licorne qui joue avec un lapin, l’arc en ciel...), tantôt lugubre (la vision d’une église en ruine, la tombe de la mère…). N’hésitant pas à verser dans une violence volontairement gore et excessive (certains penseront forcément aux "Happy Tree Friends"), il ne semble pas y avoir de limite à l’imagination de l’auteur dans la manière de trucider ou mutiler ici divers personnages, que ce soient lors de moments d’hallucination ou de baston. On se régalera en tous cas des petits détails (talisman en forme de cœur, obsession des oursons pour la beauté, pics anticléricaux…), des références cinématographiques ou culturelles (Dark Vador, "Princesse Mononoké"…), et de quelques passages des plus délirants.

Si le scénario dans l’ensemble s’avérera par moments assez déroutant, mêlant éléments de traumatisme enfantin et écologie, Alberto Vázquez confirme ici son don particulier pour une noirceur affichée et son goût pour un certain cynisme, s’amusant à dégommer mythes et imageries religieuses ou militaires. Il joue ainsi avec les codes du film de guerre (camp d’entraînement, rivalités viriles...) tout en affichant un fond anti-militariste (le jusqu’au-boutisme de Célestin, le discours belliqueux du genre « une bonne licorne est une licorne morte »…) et anticlérical (le portrait de l’ours prêtre, l’affirmation comme quoi « avoir la foi c’est ne pas questionner »…). En résulte une fable féroce et surprenante sur l’engrenage sans fin de la haine, et sur l’émergence des vrais monstres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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