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UNE HISTOIRE D'AMOUR

Un film de Alexis Michalik

Quand chaque scène semble désespérément utilitaire

Katia, une jeune femme qui aime les femmes, fait la connaissance de Justine lors du déménagement de son frère, qui vient de se séparer. De fil en aiguille les deux filles se rapprochent et commencent une grande histoire d’amour. Mais lorsque Justine exprime son désir d’enfant, même si Katia surpasse ses angoisses, c’est finalement elle qui tombe enceinte, les deux ayant subi une insémination artificielle. Les choses se compliquent alors…

Une histoire d'amour (2023) film movie

La première scène du film "Une histoire d’amour", passé par le Festival d’Angoulême l’an dernier, donne le ton d’un drame à venir : dans un couloir d’hôpital, en 1985, une jeune fille doit aller rendre visite à sa mère, Katia. Une ellipse et nous voilà des années plus tôt, pour un très très long flash-back, replaçant en premier la rencontre de Katia avec Justine, jeune femme hétérosexuelle, amie de son frère William, écrivain en pleine séparation, qu’elles aident toutes deux à déménager. Une manière sans doute de placer la passion soudaine entre les deux femmes au cœur du récit, de la découverte à la démultiplication de l’orgasme entre femmes, sans se soucier réellement de développer ces deux personnages, qui resteront lisses et désincarnés jusqu’à la fin. (Trop) rapidement c’est donc le mariage des deux femmes, qui est célébré, dans la magnifique propriété du frère, à la campagne.

Le désir d’enfant sera ensuite central et si vous ne voulez pas que les principaux ressorts du métrage ne soient ici déflorés, on vous conseille d’éviter de regarder la bande annonce, ou même de lire le synopsis officiel… qui donnent l’essentiel des clés du film. C’est là que l’on entre dans un passage dégoulinant de bonnes intentions, Michalik se donnant le rôle de bon samaritain pour la première fois (il le refera par la suite), malgré son cynisme affiché mais nonchalant quand il s’agit des autres. Un cynisme censé être contrebalancé par l’optimisme des deux femmes, et des dialogues du type « quel plus beau cadeau que l’espoir ». Entre révélations qui sonnent faux, réparties bien peu naturelles, passages trop explicatifs, poids du souvenir exacerbé, et aspects donneur de leçons sur la vie, le récit s’enfonce implacablement dans le pathos.

Au final, si les bonnes intentions sont lisibles, évoquant autant l’homoparentalité que la possibilité d’aimer ponctuellement quelqu’un du même sexe, ou de, en quelque sorte, choisir « sa » famille, chacune des scènes de "Une histoire d’amour" semble tellement uniquement utilitaire, que l’on a la sensation d’assister au résumé d’un roman fleuve, dont on n’aurait gardé que l’essentiel. Et l’on ne peut que se dire que les différents drames qui se nouent ici autour de Katia et de son ami William, auraient mérité tellement mieux en termes de développement et d’aspérités, que ce soit au niveau des personnages que de l’interprétation. Un beau gâchis pour ce deuxième long métrage de réalisateur d’Alexis Michalik, après le charmant "Edmond".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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