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TU PEUX GARDER UN SECRET ?

L’ère du vide

Delphine, trentenaire publicitaire et lasse de son célibat, déclare à deux collègues lors d’une fête d’entreprise qu’elle a une liaison avec son patron. Ce mensonge devient une rumeur qui envahit toute la boîte, et lorsqu’elle obtient une promotion chacun la met sur le compte de cette relation. Son chef n’a pourtant jamais entendu parler d’elle, qui plus est, il est entouré de femme et enfants, ainsi que d’une maîtresse provocante. Pour se sortir de cette situation, Delphine compte sur l’aide de ses deux meilleures amies, Cathy et Manon, toujours prêtes à prodiguer leurs conseils et à mettre la main à la pâte…

Le trio féminin du film n’est autre que celui de la pièce de théâtre «Arrête de pleurer Pénélope». Le ton est ainsi donné. Entre séance de shopping, remises en question fondamentales du type «les hommes sont tous les mêmes», footing dans le parc, soirées arrosées ou journées en agence de publicité, l’on a envie de sortir à chaque instant de la salle pour ne plus subir ça. Les dialogues sont creux, plats, comme le scénario dont l’intrigue de départ laisse présager un long moment de solitude face à l’écran. Delphine, héroïne proclamée, s’ennuie tellement au quotidien (comme on la comprend) que lorsqu’elle ment à propos de la relation avec son patron, une seule question nous vient à l’esprit: que construire avec un tel postulat de départ? Malheureusement rien, mais le réalisateur a eu la bonne idée de faire durer le supplice 1h46.

Alexandre Arcady s’est éloigné depuis longtemps des films qui ont fait son succès. On se souvient notamment de «K», «Le Grand pardon» ou encore «l’Eté Meurtrier». Dans «Tu peux garder un secret ?», il semble s’être totalement égaré dans un monde féminin qu’il a retranscrit comme étant superficiel, ne faisant preuve d’aucune ingéniosité pour traiter son sujet. Autre subtile valeur ajoutée au film: l’omniprésence de publicités aussi peu discrètes les unes que les autres. L’inconvénient étant surtout que l’on n’est pas au supermarché. On pourrait presque choisir d’en rire si le déballage de marques publicitaires n’était pas si ostentatoire, à croire qu’il ne suffit pas de se moquer du spectateur en le privant de tout ce qui compose un film divertissant (scénario, acteurs convaincants…), on va jusqu’à le transformer en pur consommateur.

Rien ne nous sera épargné dans les clichés. Les femmes croqueuses d’homme, soi-disant indépendantes mais dont le véritable désir est d’avoir un homme-papa rassurant. Ce dernier est incarné par Pierre Arditi, assez décevant dans ce rôle, auquel il n’a pas l’air de croire lui-même une seconde. Ses coéquipières féminines ne sont pas plus convaincantes, engluées dans des archétypes vus et revus: l’épouse bourgeoise et la maîtresse libérée (Fanny Cotençon et Linda Hardy), la directrice des ressources humaines acariâtre et frustrée (Laurence Boccolini), sans compter toutes les autres figures féminines associées à la superficialité ou la bêtise… un vrai festival. Un seul mot d’ordre: fuyez.

Camille ChignierEnvoyer un message au rédacteur

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