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TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ

Un film de Laura Poitras
Avec Nan Goldin...

Un portrait intime et politique de la photographe Nan Goldin

2018, devant le MET (Metropolitan Museum of Art de New York), des manifestants dénoncent 100 000 morts, à cause médicaments, dénonçant les donateurs que sont les membres de la famille Sackler, dont ils jettent les pilules au sol. Parmi eux, la photographe Nan Goldin, artiste, mais aussi activiste…

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Le documentaire "Toute la Beauté et le Sang Versé", Lion d’or au dernier Festival de Venise et récent nommé à l’Oscar du meilleur documentaire, est le nouveau film de Laura Poitras, réalisatrice des déjà très politiques "Citizenfour" (sur Edward Snowden) et "Risk" (sur Julian Assange). Centré sur la photographe et activiste Nan Goldin (Nancy Goldin), née en 1953, qui révolutionna son art, en développant un regard particulier dans le monde de la photo, mais aussi en montrant des populations jusque-là, invisibles, vivant, comme elle, à la marge, le film se sert du scandale sanitaire des opiacés comme fil rouge.

Au fil de 5 des 6 chapitres qui composent le film (« merciless logic », « coins of the realm », « the ballad », « against our vanishing » et « escape hatch »), c’est donc entre l’histoire de cette femme hors du commun, amenée à bien des choses pour survivre, qui se reconstitue sous nos yeux, et la dénonciation des activités de la famille Sackler, ayant savamment marketé le Valium auprès des médecins, et productrice de l’OxyContin, antidouleur fabriqué à partir de morphine de synthèse qu’ils décrivaient comme non nocif, alors qu’ils connaissaient parfaitement son pouvoir addictif, que le propos oscille en permanence. Ceci avant de revenir dans une 6e partie plus intime, « archives », sur les dernières découvertes, douloureuses, de Nan Goldin, sur sa propre famille.

La « logique sans merci » de laboratoires pharmaceutiques est ainsi mise en évidence et opposée à une solidarité sans faille entre plaignants, manifestants et leurs soutiens. Un trait de caractère social qui semble traverser aussi les « familles » que l’artiste a trouvé au fil de sa vie, passant d’un foyer adoptif à l’âge de 14 ans, avec « la photographie comme [seul] langage », aux milieux LGBT où elle sera barmaid, gogo danseuse, prostituée, puis aux milieux artistiques, où elle finira par trouver reconnaissance et renommée, contre une vision académique de la photo. L’ensemble est tout autant foisonnant qu’il est par moments émouvant, évoquant sa forte timidité dans sa jeunesse, le traumatisme que fut le suicide de sa sœur (stigmatisée comme folle par ses parents), et sa volonté farouche en tant qu’activiste, notamment dans la dénonciation de l’inaction face au VIH. Rythmé par les coups d’éclats autour des activités philanthropiques de la famille Sackler, le film navigue ainsi entre les deux facettes de l’artiste, privée et publique, et s’avère bouleversant lorsqu’il s’agit d’évoquer les réalités les plus douloureuses.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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