Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

TANT QUE LE SOLEIL FRAPPE

Un film de Philippe Petit

Quand le système est verrouillé

Max, paysagiste, est associé avec Gaspard, un ami urbaniste, sur le projet d’un jardin ouvert à tous dans un quartier paupérisé de Marseille. Ils sont même tous deux régulièrement sur place, le terrain vague actuel accueillant des aménagements temporaires, tout comme des événements et animations impliquant les habitants. Un concours lancé semble être leur dernière chance de faire aboutir leur projet…

Tant que le soleil frappe film movie

"Tant que le soleil frappe", candidat français à la Semaine de la critique du Festival de Venise 2022, est l'histoire d'un idéaliste, croyant en la participation citoyenne, l'appropriation des espaces par les riverains, l'implication des habitants dans les projets qui les concernent. Ne lâchant jamais le personnage de paysagiste interprété avec fougue par Swan Arlaud, cumulant les problèmes et proche lui-même de la précarité, la caméra de Philippe Petit tente d'en capturer la ténacité, mais aussi l'impatience exacerbée par des années d'échec ou d'absence d'écoute. Le scénario ne nous révélera au final pas grand chose de son passé, si ce n'est sa formation initiale de jardinier, métier qu'il aime et auquel il est toujours lié par nécessité, le fait qu'il a « fait une connerie il y a dix ans », et que cela fait longtemps qu'avec l'appui de la mairie précédente, il a installé un algéco sur le lieu du projet afin d'être au plus près des habitants.

Avec un mouvement latéral de caméra balayant l'audience du concours, mais s'arrêtant finalement sur d'autres qu'eux, c'est une petite fausse joie que le metteur en scène déclenche, pouvant alors déroulé son engrenage obsessionnel. Car Max, dans sa persévérance, va devoir se confronter au monde réel, celui qu'il ne veut pas lui-même prendre en compte, un monde où ceux qui travaillent déjà récupèrent de nouveaux projets, où la nouvelle mairie a des objectifs différents, où des investisseurs et des motifs économiques font souvent la loi... Moins combat de David contre Goliath que portrait d'un téméraire qui semble ignorer les règles d'un jeu souvent verrouillé, "Tant que le soleil frappe" met le doigt sur les contradictions entre affichage politique de participation citoyenne et réalité de l'urbanisme dans les secteurs porteurs, amenant autour de son Robin des bois entêté, risquant aveuglément sa famille comme ce qu’il reste de sa réputation ou situation, une amère émotion.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire