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SPY

Un film de Paul Feig

Amusant, grâce à une multitude de personnages truculents

Susan Cooper, analyste à la CIA, assiste l’un des meilleurs agents secrets, Bradley Fine. Mais alors qu’il rentre d’une mission en Bulgarie, où il était à la recherche d’une bombe, la fille de celui qu’il vient d’abattre lui met une balle entre les deux yeux. Susan décide alors d’intégrer l’équipe d’agents de terrain, pour poursuivre la mission et venger celui qu’elle aimait en secret…

À la vision de la bande-annonce de "Spy", on pouvait craindre de tomber sur une comédie facile, jouant sur l'embonpoint de sa maladroite héroïne. Mais c'est avant tout à un numéro survitaminé de Melissa McCarthy que l'on va assister. La comédienne de stand-up, devenue actrice dans la série télé « Gilmore Girls » et remarquée dans les films de Seth Gordon ("Arnaque à la carte") ou de Judd Apatow ("40 ans : mode d'emploi"), s'est déjà distinguée dans les deux précédentes comédies de Paul Feig, "Mes meilleures amies", où elle jouait une dragueuse athlétique plus qu'entreprenante, et le plus récent "Les Flingueuses".

La voici qui reprend en apparence un rôle classique des actuelles séries télévisées policières, celui d'une analyste qui, depuis son bureau et son ordinateur, guide les pas et fournit des indices à des agents engagés eux sur le terrain. Les amateurs d'« Esprits criminels » retrouveront le jeu de Kirsten Vangsness, dont la Penelope Garcia est elle aussi secrètement amoureuse de son mentor : Derek Morgan (Shemar Moore). Les dialogues sont d’ores et déjà amusants, présentant la maladresse du personnage autant comme un inconvénient que comme un atout.

Puis le film bascule dans la parodie survitaminée, après un générique clairement inspiré de James Bond et la disparition de Jude Law, alliant des couvertures peu reluisantes, des gadgets passe-partout (un grand moment, avec les emplois inédits pour une boîte de laxatif, un sifflet de sécurité, des lingettes intimes ou une bombe de fongicide...), des scènes d'actions enlevées et un don pour la répartie ou diverses insultes. On citera par exemple le cas de ce personnage suédois qui se fait traiter de « mangeur de Krisprolls » ou de cette femme comparée à une « pute rôtie huit jours sur le sable ». Certes, on regrettera un penchant facile pour de peu légères allusions scatophiles, mais les dialogues claquent globalement bien et les gags s’enchaînent avec une fluidité réjouissante, tandis que le film nous emmène de Paris à Rome en passant par Budapest.

Si le scénario s'amuse de la prise de conscience par son héroïne de ses limites physiques, il prend une réelle dimension comique grâce à de savoureux personnages secondaires. Au rayon des cinglés, on trouvera un Jason Statham qui s'autoparodie joyeusement, en agent infiltré aussi bourru que mythomane, jamais avare en histoires impossibles. Et dans la catégorie des maladroites en chef, on se réjouira des scènes où apparaît la collègue analyste délicieusement idiote, jouée par Miranda Hart une actrice de séries télé britanniques. Enfin, c'est aussi grâce à la méchante du récit, interprétée par une Rose Byrne qui s'en donne à cœur joie, que le tout réussit à se maintenir dans les hautes sphères de la comédie parodique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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