SCREAM
Le tueur appelle toujours deux fois…
Après dix ans de répits, un nouveau tueur portant le masque de ghostface fait son apparition dans la bourgade de Woodsboro…
Plus de dix ans après le quatrième opus et un passage par la case série, la saga "Scream" fait son grand retour sur grand écran et pour la première fois, sans le regretté Wes Craven aux manettes ni même Kevin Williamson, le scénariste originel de la saga (bien que crédité comme producteur délégué). Avec ce changement d’équipe, et la volonté non cachée par la production de surfer sur la recette fructueuse mais à la qualité discutable du "Halloween" de 2019, un subtil mélange d’attente et d’appréhension s’est installé autour de ce nouvel opus. Et bien, autant vous rassurer tout de suite, le résultat de ce "Scream" est bien meilleur.
En effet, les deux nouveaux scénaristes, James Vanderbilt et Guy Busick, semblent avoir parfaitement compris ce qui faisait la sève et l’aura de la saga, et réussissent à reproduire la recette de manière plutôt intelligente. Le film va donc, tout naturellement pour les plus connaisseurs, jouer énormément avec les codes du slasher, les codes de la saga, mais aussi les codes du système hollywoodien actuel, avec de nombreuses références et remarques. Si au début du film, tout cela semble plus forcé que dans les précédents opus, donnant une impression d’un "Scream" dans la forme mais pas dans le fond, rapidement, le scénario se rééquilibre parfaitement et nuance ses propos. Les blagues font mouches sans jamais désamorcer les enjeux dramatiques, les références sont suffisamment grosses pour que même les spectateurs lambda aient la joie de pouvoir les pointer, mais sans jamais que cela devienne une fin en soi, et les critiques de l’industrie hollywoodienne sont amenées de manière suffisamment légère pour nous faire réfléchir sans jamais qu’elles ne deviennent lourdes. Bref, on pourrait passer des heures à décortiquer le scénario, mais le mieux reste encore de laisser les spectateurs les plus courageux et moins froussards le découvrir par eux même et avoir leur propre analyse.
Concernant la mise en scène, celle-ci est de très bonne facture et bien efficace, même si un poil moins virtuose que le travail de Wes Craven. Les séquences d’angoisses fonctionnent diaboliquement bien, avec un très bon suspense. Les deux réalisateurs aussi jouent avec le spectateur en détournant les codes des slashers, en dirigeant le regard du spectateur grâce au cadre afin de ménager quelques surprises ou en utilisant la musique comme moyen de suggestion narrative. On retrouve aussi quelques gimmicks de Wes Craven, comme par exemple l’utilisation de débullage dans les mouvements (lorsqu’un plan est penché). En revanche, si les moments de tension sont réussis, le reste de la mise en scène est plutôt tiède et se cantonne souvent à de simples champs contre champs, parfois sans même une variation de valeur de plan, ce qui est un peu regrettable.
Enfin, les prestations des acteurs sont plutôt correctes, bien qu’inégales et frôlant de temps à autre le ridicule, mais comme cela a toujours été le cas dans la saga. En conclusion, "Scream" version 2022 s’avère être une bonne surprise et un moment à la fois agréable et terrifiant.
Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur