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RETOUR A ZOMBIELAND

Un film de Ruben Fleischer

Règle n°1 : faire la suite d’un film efficace et super-cool

Réfugiés dans la Maison-Blanche depuis leurs dernières aventures, Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock se retrouvent face à une nouvelle race de zombies qui vont mettre leurs règles et leurs habitudes à très rude épreuve. De plus, le jour où l’un d’eux décide de refaire cavalier seul, l’unité de leur « famille » se retrouve clairement menacée…

Retour à Zombieland film image

Cela fait trop longtemps que les zombies ont envahi tous les médias possibles (cinéma, télévision, jeu vidéo…), au point que cela fait tout aussi longtemps que la saturation a atteint son point critique. Reste qu’en matière de bonnes surprises ayant permis de puiser du sang neuf dans le zombie-movie, le réjouissant "Bienvenue à Zombieland" de Ruben Fleischer avait su s’imposer en 2009 comme une excellente surprise, brassant de l’audace méta-textuelle et de l’ironie proto-geek dans la droite lignée d’un "Shaun of the Dead" pourtant toujours insurpassable. Soit la constitution d’une sorte de « famille » improvisée, composée de quatre paumés portant les noms de villes et d’états américains, qui révélaient de surprenantes capacités pour survivre parmi les morts. Une bonne liste de règles à suivre, un goût certain pour la vanne post-moderne, des gimmicks narratifs empruntés autant au stand-up qu’au jeu vidéo, et surtout une errance comique dans une Amérique capitaliste dévastée aux airs de parc d’attraction apocalyptique : c’est peu dire que la recette élaborée par Fleischer et ses réjouissants acteurs donnait dans le massacre jouissif et attachant de l’american way of life, avec tout ce que cela peut supposer de situations dégénérées et d’archétypes charcutés. Retrouver la bande formée par Woody Harrelson, Jesse Eisenberg, Emma Stone et Abigail Breslin avait tout pour nous réjouir. La seule inconnue à résoudre était toutefois une grosse épée de Damoclès : une redite d’un pareil délire ne risquait-elle pas de tirer des balles à blanc ?

Contre toute attente, là où d’aucuns – et on peut les comprendre – ne manqueront pas de juger cette séquelle comme une prolongation paresseuse et peu inventive, on se permettra d’y voir au contraire de savantes retrouvailles avec un état d’esprit sarcastique que seul le premier opus et le film culte d’Edgar Wright avaient su imposer dans le zombie-movie. Soit un système narratif qui installe le décalage et le clin d’œil ludique dans chaque micro-situation – y compris la plus insignifiante – pour mieux caler ensuite ses personnages sur des rails tout sauf sécurisants. Ce qui découle de ce système est autant un regard décalé sur l’action en cours (Eisenberg assure toujours comme un diable pour commenter une scène qui dégénère) qu’un regain de nouveauté sur des scènes déjà vues ailleurs. Sur ce point-là, ce sont bel et bien les seconds rôles qui emportent le morceau : entre une hilarante Zoey Deutch qui ferait passer n’importe quelle candidate des Anges de la télé-réalité pour une doctorante en physique quantique, un tandem texan (Luke Wilson et Thomas Middleditch) qui se la joue Coen en singeant des archétypes bien trop lourds à porter, et cette peinture hilarante d’une communauté flower-power plus anachronique tu meurs, la smala américaine passe ici du chaos désorganisé au bordel nonsensique, comme une attraction qui aurait finit par tourner joyeusement à vide à force de se voir déréglée par des codes devenus presque aussi zombies que les vrais. Les bouffeurs de chair, du coup, s’avèrent plus retors pour cause de comportement bien plus difficile à anticiper – un nouveau spécimen de zombie difficile à éliminer sert ici de menace principale à nos quatre héros.

De ce fait, tout ce qui pourrait passer pour de la répétition je-m’en-foutiste devient une machine à mouliner de la fulgurance jouissive jusqu’à l’épuisement : des discussions ouvertement bêtes sur la fidélité et le mariage, des rapports de force qui prennent souvent des proportions pas possibles, une bagarre survoltée de cinq minutes en plan-séquence, une apocalypse de zombies à grand renfort de monster truck, et des dialogues plus que jamais à fort potentiel culte. Et pour en revenir à quelque chose de plus simple, ce "Retour à Zombieland" offre surtout de vraies et touchantes retrouvailles avec un fabuleux quatuor d’acteurs ayant su atteindre chacun des degrés stratosphériques depuis la sortie du premier film (on vous laisse jeter un coup d’œil à leurs filmos respectives à partir de l’année 2009) et qui n’avaient ici que trois idées en tête : se reformer, sortir les guns, et faire un carton sur tout et n’importe quoi en s’amusant (et en nous amusant) le plus possible. Cible touchée, pile au milieu.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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