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LA RAVISSEUSE

Un film de Antoine Santana

Que d’ennui

En 1877, Angèle-Marie (Isild Le besco) abandonne son propre enfant, pour devenir « nourrice sur lieu ». Rapidement elle tisse des liens de complicité avec la maîtresse de maison, Charlotte (Emilie Dequenne), visiblement peu attachée à son enfant, et peut encline à satisfaire à son devoir conjugal…

Malgré un sujet intéressant et fort documenté, La ravisseuse déçoit, par un manque certain de ressort dramatique, doublé d’un rythme lent, qui provoque au final un ennui profond. De plus, le titre du film nous révèle partiellement la fin de l’histoire, et si ce n’est peut être pas l’important, cela tue d’avance le moindre suspense. Heureusement, ce titre a un double sens, puisque cette nourrice à domicile, ravie aussi la femme du maître de maison, elle la séduit… et pourrait donc bien aussi, la ravir à son mari…

Ce film peut donc être qualifié d’étude de mœurs de l’aristocratie française de la fin du dix neuvième (l’action se situe en 1877). Mais celle-ci semble assez peu poussée, faisant peu de place aux sous entendus, tout semblant exprimé, loin des finesses des œuvres de James Ivory sur l’Angleterre Victorienne. Après le souper raté, véritable catastrophe pour une réputation, les actrices rient des conséquences possibles, et semblent avoir bien peu de conscience de la situation.

Le seul véritable intérêt du film, est justement le duo de jeunes actrices, avec en tête, Isild Le besco, poitrine à l’air une bonne partie du le film (la nourrice est comparée à une « vache laitière »). Troublante et charnelle, autant qu’absente, elle s’investie peu à peu dans cette maison, jusqu’à perdre ses repères. Face à elle, Emilie Dequenne incarne une femme d’aristocrate manquant d’éducation et de tenue, s’engageant dans un copinage inattendu avec les domestiques. Son personnage a étrangement du mal à rester crédible, car il est difficile à dire, si elle est inconséquentes ou insouciante à la base, car issue d’une famille ruinée, ou si elle le devient au contact de la nourrice.

Entre les deux, Grégoire Colin, plus en retrait, met une distance sans pitié dans ses relations avec les petites gens. L’influence de ses pulsions sur son comportement de maître de maison, est palpable. Mais globalement, le film d’Antoine Santana, laisse voir tous ses ressorts dramatiques, trop fins, et ressemble à un récit insuffisamment construit, qui aurait certainement fait un bon court ou moyen métrage… mais reste trop peu consistant pour un long. Cela manque cruellement d’enjeux, peut être à cause de la situation de quasi huis clos, dans cette maison de campagne, où l’on retrouve trop peu de personnages, et pas assez de liens entre eux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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