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Une plongée radicale au cœur des prisons danoises

Rune est un petit délinquant qui découvre les codes de la prison. Si au début, il préfère faire profil bas, il va rapidement se lancer dans un trafic avec l’un de ses codétenus. Mais la prospérité de ce business va rapidement susciter des convoitises…

Inspirés par leur relation avec un ami d’enfance, les réalisateurs ont décidé de plonger leur histoire dans un univers ultra-réaliste. Ici, il n’est pas question de tomber dans une forme de manichéisme ou d’archétypes prédéfinis, les gros durs sont remplacés par des êtres plus vulnérables, qui n’ont pas d’autre choix que d’accepter les règles du jeu pour pouvoir survivre. Nous prenant aux tripes, la caméra suit le quotidien de Rune, un jeune délinquant qui va faire preuve de malice pour rapidement lancer un trafic des plus prospères en prison. Mais ce succès va vite attiser la haine et la jalousie des codétenus, jusqu’à mettre sa vie en danger.

Dans la lignée d’"Un prophète" de Jacques Audiard, "R" bénéfice d’une qualité d’écriture indiscutable, lui permettant de jouer, avec subtilité, des ressorts classiques des films sur le monde carcéral. Sans artifice, les réalisateurs malaxent leur matière première sans prendre parti, nous laissant les seuls juges de cette violence banalisée, où les coups résonnent et les corps saignent. Sans tomber dans une overdose vulgaire, le film, à la manière d’un documentaire, nous fait le témoin d’une réalité qu’on ne pensait pas aussi crue.

Accompagnée d’une mise-en-scène léchée, le métrage tient le spectateur en haleine sans aucun temps mort. Mais si "R" est aussi poignant, c’est également en grande partie grâce à l’interprétation magistrale de Pilou Albaeck, transcendé dans le rôle de ce voyou devenant caïd. Si les enjeux du scénario ne sont parfois pas à la hauteur de l’univers montré, cette version danoise des films de prison occupe le haut du panier, nous offrant un film âpre et sans concession. De ce métrage radical, il est bien difficile d’en ressortir autrement que la gorge serrée et l’estomac retourné…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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