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R.I.F.

Un film de Franck Mancuso

Un polar humain et classe

Sur la route des vacances, la femme de Stéphane Monnereau, capitaine à la P.J. parisienne, disparaît. Quelques indices ne jouent pas en faveur de Monnereau, aussi prend-il la fuite pour comprendre ce qui s’est passé, et déterminer si elle l’a quitté ou s’il y a eu un accident...

Franck Mancuso. Précédemment scénariste sur « 36 quai des orfèvres », puis passé à la réalisation pour « Contre-enquête », cet homme est en train de se faire un nom au sein du cinéma de genre français, et même au sein du cinéma tout court. « Contre-enquête » avait déjà séduit son monde avec notamment son twist glaçant et amoral. Mancuso confirme ici l’essai avec classe. En se penchant sur ces enquêtes qui suivent les disparitions inexpliquées de personnes, il construit habilement un film à la lisière entre le drame humain et le polar. Alors que pour beaucoup d’autres l'entreprise s’avérerait casse-gueule au possible, lui arrive à faire coïncider les deux, comme si cela était facile, nous donnant le sentiment que l’on va à tout moment basculer fermement dans l’un ou l’autre genre, alors que ce n’est jamais le cas, même si l’enquête policière domine légèrement.

Les dialogues tapent dans le mille, le scénario est fouillé, au service à la fois de la réalité de ces disparitions, des enquêtes criminelles derrière, et de la douleur des familles. Mancuso brouille les pistes et retombe royalement sur ses pieds. Un ou deux éléments auraient peut-être pu être d’avantage développés, mais tout tient la route. Yvan Attal est impérial, toujours dans le bon ton, tout comme les seconds rôles, des « gueules » comme aime à les appeler le réalisateur.

La mise en scène, dominée par la caméra à l’épaule, est au plus près des personnages. Le cadre un peu vacillant confère un sentiment constant d’instabilité, sans bouger autant qu’un caméscope familial, comme on le voit dans les trois quarts des films du genre. La photographie de l’excellent Thomas Hardemeier (« Chrysalis », « L’Immortel ») se fait également discrète mais soignée, dans un mélange de grains très cinématographiques, de poussière, d’ambiance feutrée et de couleurs un peu désaturées.

On suit ces deux monstres du cinéma que sont Attal et Elbé, aussi vrais que nature, à la recherche de la vérité. L’intrigue emprunte des chemins classiques, mais ce soucis de s’inscrire au cœur de ces drames constants que sont les disparitions de personnes donne une puissance supplémentaire à ce récit, une lourdeur et une gravité dont il ne se dépare jamais. La fin de l’année 2010 avait été riche pour le cinéma français. L’année 2011 montre qu’elle n’est pas en reste avec ce « R.I.F. » qui succède de peu à « Switch ». Les deux films ont d’ailleurs nombre de point communs, tels que le souci du réalisme et de la crédibilité, ou une course poursuite haletante. Mais « R.I.F. » possède un petit plus : un final élaboré, dont on se souviendra.

Ivan ChaslotEnvoyer un message au rédacteur

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