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PRÉSIDENT

Un film de Lionel Delplanque

Politique hésitante

Succès et déboires du Président, chef d’état partagé entre ses convictions, son amour pour sa fille et ses enjeux politiques…

Le cinéma français est souvent peu enclin à s’attaquer à l’appareil politique et à mettre en exergue les contradictions de nos dirigeants. Lionel Delplanque, auteur du faiblard « Promenons-nous dans les bois » se frotte à ce sujet pourtant passionnant en s’attachant au destin de ce chef d’état solidement incarné par Albert Dupontel. L’interprétation est d’ailleurs l’un des points forts du film, le casting se révélant souvent judicieux, avec notamment Claude Rich et Jackie Berroyer dans de savoureux seconds rôles exempts de tout reproche.

Le film pâtit en revanche d’un scénario maladroitement structuré, l’enchaînement des séquences étant contestable, passant d’une piste narrative à une autre de façon poussive. La narration, ramassée sur seulement 1h30, est si dense qu’elle laisse en chemin nombre d’éléments décisifs (l’enquête de la juge renvoyée aux oubliettes en un claquement de doigt), et autorise des invraisemblances peu excusables (la facilité avec laquelle Rénier se rapproche du pouvoir sans être inquiété). Le film, oscillant sans cesse entre thriller, comédie dramatique, portrait intime et docu-fiction sur les affres du pouvoir, ne tranche jamais véritablement, esquissant sans les creuser les grandes contradictions qui agitent l’appareil d’Etat.

Formellement, l’ensemble convainc davantage. Photo contrastée, cadres soignés, Delplanque s’acquitte d’un travail formel soigné. Il confère à son long métrage une jolie facture romanesque qui paradoxalement ne valorise pas la précision documentaire du film. D’autant que par séquences l’ensemble souffre de maux typiquement français : prime au dialogue, sens de l’ellipse douteux, rythme défaillant. Manque ainsi la hargne, le culot, la capacité à embraser l’écran pour susciter des émotions que ne permet pas cette narration qui demeure jusqu’au bout à distance de son sujet. Un effleurement qu’on aurait voulu être une étreinte totale, à l’image d’un final qui résume bien cette sensation d’inachevé.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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