PREMIÈRE AFFAIRE

Un film de Victoria Musiedlak

Défendre et se défendre

Employée comme avocate pour des affaires financières, Nora, récemment diplômée, est appelée par son patron pour le remplacer dans une garde à vue, près d’Arras. Se rendant, non sans difficultés, sur place pour 9 heures du matin, elle découvre un jeune homme de 18 ans, désemparé, qui affirme son innocence dans une affaire de meurtre d’une jeune fille à coups de barre de fer. Pouvant déboucher sur sa première affaire pénale, ce cas va à la fois la motiver et lui valoir nomnbre de déboires du fait de son inexpérience…

Première affaire film movie

Victoria Musiedlak, dont c’est le premier long métrage, fait le portrait d’une jeune femme soumise soudainement à la cruauté d’un monde qu’elle n’a jamais eu à affronter jusque-là. Étudiante en droit fraîchement diplômée, embauchée pour des affaires financières, encore vierge, elle semble une proie facile pour les menteurs et autres manipulateurs, alors qu’elle fait ses premiers pas, seule, dans un univers qui pourtant l’attire. Le choix de Noée Abita (révélée avec "Slalom" il y a trois ans) s’avère parfaitement pertinent pour ce rôle. Cheveux courts, carrure poids-léger, voix fluette, elle donne l’impression d’avoir une assurance limitée, et aligne des réactions plus émotives que mûrement réfléchies.

Face à elle, si la machine judiciaire ne lui fait pas peur, elle trouve deux figures masculines troubles, dont elle va devoir se démarquer : un accusé paumé dont la jeunesse lui renvoie la sienne (Alexis Neises, parfait d’ambiguïté), et un policier autoritaire (le norvégien Anders Danielsen Lie, vu dans "Julie en 12 chapitres", "Bergman Island", "Oslo, 31 août"), qui lui renvoie son aspiration à être une femme accomplie (autant professionnellement qu’intimement). Scrutant également le contexte familial de Nora, le scénario de Victoria Musiedlak trouve sa justesse dans les élans d’un personnage motivé et la violence presque ordinaire des obstacles rencontrés, comme dans le regard posé par les autres sur son activité. Laissant pointer une émotion ténue, "Première affaire" tente à la fois d’incarner la dureté d’un métier comme celle de la vie, en utilisant les décors du nord de la France, comme en symbolisant par des plans simples, la nécessaire rupture avec ceux qui vous utilisent.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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