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POÉSIE SANS FIN

Un deuxième opus aussi libre et onirique que le premier

Lors d’une visite dans la famille de sa mère, Alejandro surprend tout le monde en quittant la table pour protester contre l’odieux comportement de sa grand-mère à l’égard de ses parents. Cela impressionne énormément son cousin qui décide de le prendre sous son aile pour lui faire découvrir le Santiago bohème. Alejandro devient alors un homme et s’installe dans une grande maison avec d’autres artistes pour créer des spectacles de marionnettes…

Connu avant tout pour être un excellent scénariste de science-fiction dans la bande dessinée et le réalisateur de quelques films cultes (« El topo »), Jodorowsky a choisi le cinéma pour immortaliser une réalité qui lui est familière, celle des différents tomes de sa vie. 3 ans après la sortie de « La Danza de la realidad », qui évoquait son enfance dans le petit village de Tocopilla, l’auteur chilien consacre à présent son deuxième opus à sa vie à Santagio, la ville qui a fait de lui un artiste.

Alejandro est à présent un homme. En conflit avec son père, il abandonne le foyer parental et la douce voix de sa maman pour goûter aux délices de la vie de bohème. En quête de poètes, on lui conseille de fréquenter l’« Iris Café », un débit de boisson sinistre peuplé de serveurs octogénaires et de clients léthargiques. C’est ici, au milieu de l’immobilisme qu’apparaît son premier amour, la sulfureuse Stella Díaz Varín (interprétée dans le film par l’actrice qui joue déjà sa mère). Cheveux roses, collants arc en ciel et rangers vernis, cette conquête au caractère bien trempé forcera Alejandro dans ses retranchements.

À leur rupture, Alejandro goutte enfin à la liberté d’être poète. Accompagné d’un ami, comme lui amateur de prose, il s’affranchit des règles de simple mortel et joue de son pouvoir à transgresser les lois physiques élémentaires, comme celle de ne plus contourner les obstacles qui encombrerait sa route. Cette liberté exacerbée va petit à petit l’élever dans d’autres sphères plus métaphysiques avec la découverte des tarots divinatoires.

En quelques années, notre homme écume le Santiago underground et rêve d’horizons lointains. Il décide alors de s’exiler à Paris, à la recherche du maître du surréalisme André Breton. Ce départ marquera la rupture définitive de Jodorowsky avec son père, si tyrannique envers lui. Avec ce film il lui dit adieu une seconde fois, accompagné de ses deux fils (C’est Adan, son plus jeune fils qui interprète son rôle et Brontis, son fils aîné qui joue celui de son père). Une ultime façon de défier la rigide figure paternelle, en lui montrant que sa descendance est soudée dans sa passion pour les arts. Une poésie sans fin qui pourrait bien nous bercer d’un troisième opus parisien dans les années à venir.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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