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LA PETITE LILI

Un film de Claude Miller

Le cinéma, les liens familiaux et les affres de la création

Mado (Nicole Garcia), actrice célèbre, passe les vacances d'été avec son amant Brice (Bernard Giraudeau), metteur en scène, son frère Simon (JP Marielle) et son fils Julien (Robinson Stevenin). Ce dernier voit au cour d'une projection de sa première œuvre, son unique amour, la jeune actrice (Ludivine Sagnier) lui échapper au profit de Brice, qui fait office d'homme expérimenté…

Derrière une bande annonce assez alléchante, laissant penser que La petite Lili est un film portant uniquement sur les perturbations qu'une jeune fille en fleurs peut amener au sein d'une famille bourgeoise, le nouveau Claude Miller cache une critique du milieu du cinéma un peu poussive, même si relativement juste par certains côtés. Les liens entre famille et cinéma, le poids des rencontres et des compromissions y joue en effet un grand rôle dans la réussite de l'individu.

Ici, la petite Lili semble prête à tout pour devenir comédienne, y compris à quitter son jeune metteur en scène torturé, pour un homme plus mûr, plus expérimenté. Mais le film est aussi une réflexion sur les affres de la création. Des tourments du jeune Robinson Stevenin, qui affiche avec les excès de la jeunesse, ses souffrances et sa rébellion face à un système dont il ne fait pas partie, à la provocation aguicheuse et calculée du metteur en scène Giraudeau, en passant par l'agacement de la mère, Nicole Garcia, désespérée de voir son fils s'égarer dans des recherches formelles et philosophiques qui lui semblent aussi vaines qu'inintéressante pour ses spectateurs potentiels, rien ne nous est épargné.

Heureusement, le film prend toute sa dimension dans la dernière partie, celle de l'assagissement, où chacun joue son rôle d'adulte, laissant transparaître les blessures d'hier. Les comédiens y sont formidables. En tête, Ludivine Sagnier, qui affiche une belle maturité que ses rôles ne lui avaient pas permis d'exprimer jusqu'alors, et Jean Pierre Marielle, goguenard et jouant de la réplique tranchante avec brio. Un film inégal donc qui est reparti bredouille du festival de Cannes 2003.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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