NINJABABY
Une pépite dont la douceur n’empêche en rien le pamphlet aiguisé
Alors qu’elle est une éternelle rêveuse, Rakel, 23 ans, se retrouve à devoir gérer une grossesse non désirée. Et c’est tout son quotidien et son imagination qui vont se retrouver chambouler…
Il n’est jamais aisé de faire rire avec un sujet dramatique, d’autant plus lorsqu’il traite de la grossesse non désirée, à la même période où le droit à l’avortement est dramatiquement remis en question dans plusieurs États du monde. "NinjaBaby" ose pourtant nous amuser et détourner les diktats de la société sur la maternité, grâce à un humour grinçant et explosif. Rakel a 23 ans, elle enchaîne les coups d’un soir et les soirées terminées au lever du soleil. Entre deux gueules d’un bois, elle imagine son avenir, se rêve tantôt astronaute tantôt dessinatrice. La vie de couple avec le chien et les enfants, très peu pour elle. Mais un jour, suite à une remarque de sa colocataire sur sa poitrine, elle fait un test de grossesse. Et là, c’est le chaos : enceinte. De 6 mois. Un géniteur à retrouver. Un nouveau corps à gérer. Un futur à organiser.
Cousin norvégien et déjanté de "Juno", le film, adapté d’un roman graphique, est une comédie féministe assumée, où ce female gaze décomplexé apporte un regard nouveau sur la maternité, souvent triomphante au cinéma. Ici, tout est plus foutraque, crade, irritable, et ainsi plus fidèle à un portrait réaliste d’une jeune femme des années 2020, où avoir un enfant devrait être systématiquement un choix et jamais une norme imposée. Rythmé et élégant, avec notamment ces différentes incursions animées à l’image, le métrage est une œuvre attachante et enthousiasmante, nous offrant une galerie de personnages hauts en couleur (mention spéciale à Kristine Kujath Thorp, parfaite dans le rôle de Rakel). Plein d’espoir malgré la gravité de son intrigue, "NinjaBaby" est une jolie surprise et confirme le talent des cinéastes norvégiens pour mettre en scène de sublimes portraits de femmes ("Julie (en 12 chapitres)", on ne t’a pas oublié).
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur