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MAGIC MIKE XXL

Show bouillant !

L’équipe de stripteaseurs des Kings of Tampa s’apprête à tirer un trait sur leur carrière trois ans après que Mike, leader emblématique du groupe, a décidé de renoncer à cette activité pour devenir fabricant de meubles. Mais pour achever leur parcours en beauté, ils décident de tenter tous ensemble un dernier spectacle à Myrtie Beach, qu’ils veulent à tout prix rendre mémorable…

Question indispensable pour vous, mesdames : est-ce que le fait de voir des grands stripteaseurs musclés, avec ce que cela suppose de tablettes de chocolat huilées à la fleur d’oranger et de déhanchés lascifs avec le string dans les fesses, fait partie de vos fantasmes ? Si vous répondez oui, vous avez frappé à la bonne porte. Et pourtant, force est d’avouer que le premier "Magic Mike", sorte d’ode à la coolitude fortement inspirée du passé de l’acteur Channing Tatum, avait réussi un pari hautement casse-gueule, prompt à satisfaire les deux sexes : installer une fascination décontractée autour d’une équipe de stripteaseurs que le film prenait soin de suivre dans leur quotidien et leurs aspirations, le tout dans une optique purement comportementaliste. Faire une suite était pour le moins étrange, surtout après un dénouement que l’on pensait clair et net. Mais voilà, ils ont quand même osé. Et si l’on cherchait du spectacle, on en aura pour son argent.

Étant donné que ce cher Steven Soderbergh a décidé de troquer pour de bon la casquette de réalisateur pour le béret de peintre (ce qui ne l’empêche pas d’être ici crédité au montage et à la photo sous ses deux pseudonymes), c’est son collègue Gregory Jacobs, déjà réalisateur du remake le plus inutile du système solaire ("Criminal", version ricaine des "Neuf reines"), de prendre le relais pour un film à l’ambition beaucoup moins affirmée. Si l’on attend "Magic Mike XXL" pour une évolution sensée du concept du premier film, on risque d’être plutôt déçu : les personnages n’ont pas varié d’un iota (même si le légendaire Matthew McConaughey pointe ici aux abonnés absents), leurs effeuillages sur de la bonne musique électro sont toujours d’une virtuosité hallucinante et l’humour qui caractérise leurs échanges continue de faire son effet. Mais la sensation de ressassement pointe parfois le bout de son engin.

Certes, en plus de tenir sur une moitié de confetti, l’intrigue se limite à nous ressortir le traditionnel canevas du « dernier coup avant la fin », où notre équipe se lance dans la préparation d’un ultime spectacle devant une assemblée de filles prêtes à sortir les liasses de billets. Certes, les enjeux qui forment le cœur des discussions, entre les instants de perte de confiance, les bilans respectifs de chaque vie et les espoirs encore vivaces de certains, sont assez prévisibles. Et surtout, oui, cette suite tend en effet à épurer tout ce qui forgeait la troublante subtilité de son prédécesseur : bye-bye l’ambiguïté des relations entre les personnages, au revoir la tension sexuelle ravageuse qui épiçait ici et là les rapports humains, tchao la mélancolie sous-jacente du propos, et place à un pur show bouillant, léger et efficace, adressé en priorité à un public féminin avec les œstrogènes en surchauffe. Mais doit-on pour autant se plaindre de voir le film d’auteur protéiforme se changer en spectacle sans complexe, à la fois totalement fun et ridiculement sexy ? Franchement non.

Quitte à avoir l’air graveleux, on n’hésitera pas à assimiler le film à une montée en crescendo érectile, dont le déroulement du récit se voit épicé de quelques préliminaires drôles et sexy (dont une danse de Joe Manganiello dans une station-service sur I want it that way des Backstreet Boys) avant un show final d’anthologie en guise d’éjaculation maximale. Mais surtout, Jacobs ne cherche pas midi à quatorze heures pour évoquer la dimension consumériste de l’activité de stripteaseur. Sans jugement ni morale, "Magic Mike XXL" délaisse la réflexion au profit de la sensation du moment et des désirs les plus primaires, assouvis et assumés comme tels dans des moments d’exhibition tous plus fous les uns que les autres. Ce que l’on en tire n’est ni plus ni moins qu’un plaisir basique et immédiat, doublé d’une franche rigolade à voir le film titiller à ce point les limites du ridicule. Sans parler de quelques présences féminines qui ont le bon goût de jouer chacune à leur manière les « chauffeuses de salles », qu’il s’agisse d’une Andie MacDowell en MILF endiablée, d’une Amber Heard en rebelle sur le point de se désinhiber ou d’une Jada Pinkett Smith dont la verve sensuelle fait un effet monstrueux.

Ainsi va "Magic Mike XXL", divertissant ultra-sexy et sans prétention, à la bande originale tout bonnement jouissive, qui ne vise qu’à électriser son audience pendant deux bonnes heures. Ce que promettait la bande-annonce est en tout point présent sur l’écran : un show qui en met plein la vue. Avis aux amateurs : la canicule risque de se prolonger dans les salles obscures…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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