Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

MA FRANCE À MOI

Un film de Benoît Cohen

Un touchant duo

France, bourgeoise de l’Est parisien d’une soixantaine d’années, s’est enfin motivée à débarrasser la chambre de son mari décédé un an auparavant. Elle a en effet décidé d’accueillir chez elle un jeune réfugié, par le biais de l’association « J’accueille ». Elle fait alors la connaissance de Reza, afghan d’une vingtaine d’années, avec lequel elle va tenter de créer un lien…

Benoît Cohen ("Les Acteurs anonymes", "Nos enfants chéris", "Tu seras un homme"…) adapte ici son roman autobiographique, "Mohammad, ma mère et moi", datant de 2018, relatant l’accueil par sa mère d’un réfugié, alors que lui vivait dans l’Amérique trumpiste. Ayant à la fois modifié les prénoms et certains traits de personnages (notamment ceux de lui-même, le fils, qui devient ici une sorte d’opposant…), il réussit à bouleverser par ce double portrait, dans lequel il donne à la fin, la parole au véritable protagoniste. Le scénario donne ainsi naissance, comme il le dit lui-même, à une véritable « histoire de solidarité et d’ouverture d’esprit ».

Au travers du jeune Nawid Elham (issu d'un casting sauvage pour le rôle de Reza), c'est tout l'épuisement physique d'un homme malmené par sa trajectoire de migrant qui est ici montré. Quant aux messages politiques, ils passent d'abord au travers du contraste entre l'apparente naïveté de la mère (Fanny Ardant, impériale), qui imagine pour Reza un avenir mailleur mais tout de même limité, et la paranoïa ambiguë du fils, rappliquant des États-Unis par inquiétude (Pierre Deladonchamps, juste). Mais ils apparaissent aussi dans certains dialogues, peut-être trop écrits pour être naturels, mais qui s'avèrent fortement impactants : « j'ai tout, eux rien », ils « nous renvoient notre impuissance », « on ne vit pas pour ses parents », « je suis pas un sujet »...

Au fil du récit, de nombreux sujets sont ainsi abordés avec une certaine justesse, de la vérité de la générosité, le stress post traumatique, la capacité à laisser les morts derrière soi, les liens familiaux distendus, les traditions séculaires, l'égalité des chances, la curiosité mal placée... Et peu à peu, non seulement l'émotion naît, comme la double ou triple signification du titre, "Ma France à moi", se fait jour, désignant autant l’héroïne, France, mère réelle ou adoptive, mais aussi les qualités et espoirs liés au pays, qu’il soit d’accueil ou de retour.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire