Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

LES DÉGUNS

Un « film » qui vaut moins que rien

Après un cambriolage raté, Karim et Nordine (dit « Nono »), des délinquants récidivistes et simplets, sont condamnés à une peine de redressement dans un camp militaire. Durant leur transfert, Karim a un coup de foudre pour Astrid, une belle blonde qu’il aperçoit dans une station-service. Prêt à tout pour la rejoindre à Saint-Tropez, il pense immédiatement à s’enfuir…

Les déguns film image

Difficile de critiquer un tel « film », qui mériterait plutôt une étude sociologique qu’une analyse cinématographique, cette dernière pouvant aisément se résumer par un « navet » sans sommation. Rappelons qu’il s’agit du prolongement d’une web-série diffusée depuis 2014 sur YouTube et qui a connu un gros succès (plus de 800 000 abonnés à ce jour), surtout chez les ados de banlieues populaires et/ou du côté de Marseille. Il convient aussi d’expliquer qu’un « dégun », dans le langage provençal, c’est un raté, un moins que rien. Soulignons aussi le fait que l’un des réalisateurs (oui, il fallait bien être deux pour commettre une telle chose…) est Claude Zidi Jr., fils de qui vous savez. Et franchement, "Les Déguns" est une production si médiocre que Claude Zidi, qui n’est pourtant pas un immense cinéaste, a de quoi se retourner dans sa tombe avant même d’y être !

C’est navrant de bout en bout, tant pour l’inanité du scénario que pour la nullité du duo (qui donne régulièrement l’impression de s’amuser de ses propres blagues au lieu de faire l’effort de jouer correctement), la vulgarité déconcertante des dialogues, la bassesse des gags ou encore l’amateurisme de la réalisation. Ni Karim Jebli et Nordine Salhi, créateurs de la web-série, ni les co-réalisateurs-scénaristes du film ne semblent avoir compris un principe de base : mettre en scène des personnages benêts ne signifie pas qu’il faut se mettre à leur niveau (à moins de viser le même public !). Ainsi, jamais "Les Déguns" ne parvient à la cheville de comédies comme "Dumb and Dumber", "Wayne’s World", "Police Academy", "Le Dîner de cons" ou autres "Borat".

L’absence de prise de distance a des conséquences plus graves : elle confère au discours des personnages un premier degré qui devient franchement inquiétant en termes de mentalité des créateurs comme des fans. Les situations et répliques, régulièrement sexistes et plus largement irrespectueuses, semblent glorifier une idéologie individualiste, consumériste et nihiliste, sans valeurs ni limites. La bêtise est telle qu’elle est révélatrice d’une effrayante misère intellectuelle. Même quand certains gags un peu meilleurs arrivent enfin (en grande partie grâce aux invités comme Élie Semoun, Chantal Ladesou ou Biyouna), on est bien trop affligé et les zygomatiques sont définitivement anesthésiées.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

COMMENTAIRES

Sergio

mardi 12 juillet - 10h16

Même max Pecas a fait mieux

Laisser un commentaire