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LES ALGUES VERTES

Un film de Pierre Jolivet

Cash Investigation en Bretagne

Inès Léraud, jeune journaliste, s’installe en Bretagne afin de réaliser des chroniques radio sur la région. Le jour où des morts de plus en plus suspectes font leur apparition dans les environs, elle décide d’enquêter plus en amont. Or, une certaine forme d’omerta semble entourer ce désastre écologique, créant de plus en plus de pressions sur Inès au fil de son investigation sur le fameux phénomène des « algues vertes »…

À l’origine, il y a eu une enquête, menée par la journaliste Inès Léraud sur le scandale breton des algues vertes. Par la suite, il y a eu une bande dessinée, que la journaliste cosigna avec le dessinateur Pierre Van Hove. Aujourd’hui, il y a désormais un film, dont on se demandait déjà à l’avance ce qu’il allait pouvoir bien apporter sur le sujet. Sans grande surprise, le résultat risque fort de n’intéresser que les néophytes et de se limiter à prêcher des convertis pour ce qui est des autres. Cinéaste dont l’engagement social plus que tangible s’est toujours coltiné une inspiration souvent inégale, Pierre Jolivet ("Fred", "Ma petite entreprise", "La très très grande entreprise") est certes ici dans son élément, mais manque hélas de pugnacité dans sa narration comme dans sa mise en scène. À partir d’un scandale bien réel qui fouille à loisir les questions de santé publique et de préservation du littoral, l’immersion d’une lanceuse d’alerte dans ce contexte breton taiseux et faussement paisible promettait un thriller potentiellement intense, peut-être capable de mêler un vrai travail symbolique sur le cadre et le décor à une narration tendue en mode « faire triompher la vérité à tout prix ». Au lieu de quoi les impératifs du formatage France 3 Bretagne ont visiblement encore eu le dernier mot.

Le fait de raconter cette intrigue du point de vue de la journaliste – pourtant absente de la BD – est un parti pris qui se comprend bien : c’est l’engagement et la révolte de l’individu face au silence et à l’injustice du système qui intéresse ici Jolivet. Un état d’esprit qui prend certes chair dans les enjeux du scénario mais certainement pas au travers de la mise en scène, ici d’une platitude à faire passer les derniers films de Claude Chabrol pour des parangons de découpage nerveux. On est même très loin du "Dark Waters" de Todd Haynes, lequel reposait au moins sur un système de filmage atmosphérique à la tension sous-jacente digne des grands films d’espionnage paranoïaques des années 70 – notamment ceux de Pollack et de Pakula. Le didactisme du récit des "Algues vertes" enfonce ainsi le clou sur la nature véridique du projet, en soi pas éloigné de cette fibre informative qui caractérisait déjà bon nombre de reportages ou d’articles de presse consacrés à ce scandale écologique. Ce qui nous fait tenir malgré tout jusqu’au bout sans déplaisir ne tient qu’au jeu habité de son actrice principale, toujours aussi capable d’embrasser la détermination d’un personnage avec un stress croissant. On en vient même à se dire qu’un numéro de "Cash Investigation" avec Céline Sallette à la place d'Elise Lucet n'a au fond rien de désagréable. Mais de là à sauver le film tout entier …

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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