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LE PROCÈS GOLDMAN

Un film de Cédric Kahn

Trop artificiel pour être percutant

En novembre 1975, s’ouvre le très médiatique procès de Pierre Goldman, accusé de plusieurs braquages dont un ayant entraîné la mort de deux femmes. Alors qu’il risque la perpétuité, l’homme décide de ne pas suivre la stratégie de ses avocats et de gérer sa défense lui-même…

Le Procès Goldman film movie

Le patronyme Goldman ne se résume pas seulement à Jean-Jacques. Dans la famille, on demande la carte du demi-frère, à la trajectoire bien plus sombre. Militant et intellectuel d’extrême gauche, celui-ci est plus connu pour ses activités dans le banditisme, et en particulier pour les procès très médiatiques dont il jouait le premier rôle. C’est à la bataille judiciaire de 1975 que va s’intéresser la caméra de Cédric Kahn, celle où l’on reproche à l’accusé plusieurs braquages, notamment le vol de la pharmacie Delaunay, située boulevard Richard-Lenoir à Paris, où deux femmes décéderont sous les coups de feu. Et à l’image de l’enquête de la police, le coupable semble évident : celui que l’on surnomme Goldi dans le milieu. Tous les témoins le reconnaissent. Sauf que les preuves ne sont pas aussi formelles qu’on pouvait le penser, et le doute bien plus fort que les affirmations de certains témoignages.

Quasi huis-clos au sein de la Cour du tribunal, le film s’intéresse à tout ce qui a pu se dérouler dans la salle d’audience, les différentes personnes venues donner leur version des faits, les plaidoyers des avocats, et les grandes diatribes du principal intéressé. Car dans ce jeu du chat et de la souris, il ne s’agit pas uniquement de décider du sort d’un homme, mais de s’interroger également sur les raisons pour lesquelles il se retrouve sous la menace d’une sentence à perpétuité. Est-ce à cause de ses idées politiques, lui, le très politisé activiste, ayant rejoint les rangs de la guérilla révolutionnaire en Amérique du Sud ? Est-ce plutôt parce que sa gueule méditerranéenne déplaît ? Ou ne serait-ce pas son judaïsme auquel on s’attaque ? Ce sont ces questions que la défense ne va cesser de ramener sur la table des débats, les journalistes et les protagonistes eux-mêmes transformant cet épisode en une agora politique.

Si cette histoire a quelque chose de fascinant, d’autant plus qu’elle ne parlera pas forcément aux plus jeunes d’entre nous, la mise en scène ne parvient jamais à embraser et transcender les propos. Au contraire, par certains plans (en particulier dès que l’objectif se focalise sur les visages), le dispositif esthétique nous sort même de ce climat anxiogène. Trop théâtral, et parfois à la limite du cabotinage, le métrage se révèle nettement plus habile dans le verbe que dans l’utilisation de toutes les possibilités offertes par le medium cinématographique. Si la rage et la colère des individus qui peuplent le récit trouvent un écho captivant avec notre actualité, on aurait aimé que la reconstitution soit moins maniérée.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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