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LE MUR QUI NOUS SÉPARE

Un film de Norbert Lechner

De gros sabots

1986. Anna, 17 ans, qui vit dans une petite ville de RFA (République Fédérale d’Allemagne) décide de se joindre à un groupe pour une rencontre organisée par sa paroisse entre lycéens des deux Allemagne. Elle prend alors le train en compagnie de 5 autres jeunes Ouest allemands pour Berlin Ouest. La rencontre ayant lieu chaque jour du côté Est Allemand, en RDA (République Démocratique d’Allemagne), il leur faut passer la frontière et revenir avant minuit. C’est alors qu’elle fait la connaissance de Philipp, le fils du pasteur, légèrement rebelle, avec lequel va rapidement naître très vite une complicité…

"Le Mur qui nous sépare" est une histoire d’amour entre une fille d’Allemagne de l’Ouest, bientôt majeure, et un garçon d’Allemagne de l’Est, qui s’étale sur environ 4 ans, depuis leur rencontre en 1986, jusqu’à quelques mois après la chute du mur. Ce mur, étant donné le titre, devrait être le sujet principal du film, au moins au même niveau que cette histoire d’amour qui ne décolle jamais, alignant les sourires, les œillades, les jolies images de complicité, sans relief aucun. Bien sûr les deux interprètes, Lea Freund et Tim Bülow ("Les Oubliés"), sont charmants, mais rien ne se dégage de leur contact, pas même lors de la seule scène d’amour du film, qui marquera de nouvelles complications. Pourtant il n’en est rien, car hormis une petite balade le long du mur côté ouest lors du premier voyage et quelques plans sur un mirador vu depuis un grenier, on ne saura pas grand chose de ce qui se passe autour et des atrocités qui attendent ceux qui tenteraient de passer.

Au lieu de cela le film ne fait que survoler son sujet, la séparation et la privation de liberté, en évoquant indirectement une seule tentative de traversée, par une simple photo, et en réduisant les moments de tension aux seuls passages de la frontière, entre douanier autoritaire et fouille en règle lorsqu’Anna tente de faire passer un 45 tours en douce. La présence soudaine d’une musique inquiétante dégoupille chacune des scènes de tension, en avertissant le spectateur par avance. Quant à la mise en scène, elle se contente de mettre en valeur les moments de complicité des deux jeunes, d’une manière finalement assez plate et désincarnée. Sous le déluge de bons sentiments et de contrariétés quasi limitées à l’autorité parentale côté ouest et à peine esquissées côte est (au travers de l’observation des rondes des soldats, en espérant pouvoir passer un jour…), reste une sensation de survol des sujets : le désespoir de l’amie de Philipp, étouffée par des parents communistes, la contrariété amoureuse vite oublié de l’ami gay d’Anna, lui aussi sous le charme d’un est-allemand androgyne, et même la conclusion, quelques mois après la chute du mur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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