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LE DERNIER PIANO

Un film de Jimmy Keyrouz

Une partition touchante aux légères fausses notes

Alors que la guerre fait rage en Syrie, Karim, un pianiste de talent, se voit offrir la possibilité de passer une audition à Vienne. Pour cela, il doit simplement vendre son instrument et utiliser l’argent récolté pour voyager. Mais c’était avant que des membres de l’État islamique détruisent son piano. Le début d’un long périple pour récupérer les pièces nécessaires à sa réparation…

Le dernier piano film movie

« La musique aide à oublier la douleur ». C’est l’un des premiers dialogues de ce film. Nous sommes dans un sous-sol d’une ville syrienne passée aux mains de l’État islamique. Les expéditions punitives envers la population sont quotidiennes ; le sifflotement des balles, un air devenu anodin. Les rires sont proscrits, la joie bannie, et même la musique n’a plus sa place selon l’application stricte de la charia islamique imposée à coups de fouets par les terroristes. Mais dans cette cave, lorsqu’un homme blessé pénètre, Karim, virtuose local, va braver les interdits et faire retentir une douce mélodie. Les combats, ce n’est plus pour lui, épuisé par ses rêves de révolution envolés. Alors qu’il a la possibilité de rejoindre Vienne pour une audition, il compte bien vendre son instrument et utiliser l’argent pour laisser cette misère derrière lui, même si cela veut dire abandonner ce gamin qu’il a pris sous son aile, ou encore ce vieux commerçant qui lui a offert un travail. Malheureusement, lorsque son piano est détruit, tout son plan s’écoule, à moins qu’il n’arrive à trouver les pièces nécessaires à sa réparation, quitte à mettre sa vie en danger.

La guerre en Syrie a grandement intéressé le Septième Art ces dernières années. On pense notamment au documentaire choc "Pour Sama", à la fiction très réussie "Une famille syrienne" ou au moins inspiré "Les Filles du Soleil". "Le Dernier piano", lui, alterne entre la puissance narrative de l’œuvre de Philippe Van Leeuw et le pathos outrancier qu’on pouvait reprocher à Eva Husson. Un artiste laissant exprimer son art au cœur des ruines. Cette simple image suffit à résumer toute la poésie et l’onirisme qui peuvent se dégager d’un tel métrage. Dommage d’ajouter à la pureté de cette allégorie des artifices cinématographiques bien trop visibles et un score signé par Gabriel Yared à la limite de l’embarrassant. Car plutôt que de laisser vivre le romanesque de son récit, le réalisateur pollue son intrigue de personnages secondaires archétypaux (la combattante rencontrée sur son chemin) et de saynètes pas nécessairement utiles. Si ces maladresses annihilent l’impact de l’ensemble, le résultat demeure une ode forte à la résilience dont l’obtention du Label Cannes 2020 n’est pas volée.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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