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LA RUCHE

Un film de Blerta Basholli

Les cicatrices qui ne guérissent pas

Alors que son mari est porté disparu depuis la guerre du Kosovo, Fahrije n’a d’autre choix que de subvenir aux besoins de sa famille. Mais dans son village où le patriarcat règne, l’essor de sa petite entreprise n’est pas très bien vu…

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Multi-récompensé en festivals, à Sundance et aux Arcs notamment, "La Ruche" débarque enfin sur nos écrans. Inspiré d’une histoire vraie, le film s’intéresse à l’épouse d’un combattant porté disparu depuis la guerre du Kosovo. Sans aucune source de revenus, celle-ci va alors se lancer dans un business de production d’avjar, souvent qualifié de « caviar rouge des Balkans », et très rapidement la petite entreprise va connaître un bel essor. Mais dans ce village aux faces patibulaires et au patriarcat omnipotent, voir une femme réussir est perçu comme une menace, d’autant plus lorsque le business ne comprend aucun homme parmi les employés. D’un deuil impossible, le métrage évolue vers la description aiguisée et engagée d’un territoire albanais encore meurtri par les années de combats, où une femme qui « ose » apprendre à conduire est traitée de « pute ».

Si cette chronique féministe séduit autant, ce n’est pas seulement pour son propos, mais aussi par ses qualités de mise en scène, avec cette maîtrise du plan séquence et de la caméra à l’épaule sans mouvement ostentatoire. À l’image de cette première scène où la protagoniste ouvre des sacs contenant les restes d’un charnier, c’est un traumatisme silencieux que va capturer la caméra de Blerta Basholli, réapprendre à survivre dans un monde éminemment différent, à l’endroit même où l’un des massacres les plus abjects du conflit s’est produit. Le récit d’émancipation a tendance à arpenter les sentiers classiques du genre, mais dès qu’il se détourne de ce chemin, pour s’attarder sur des gestes anodins, sur les relations entre des villageois bien obligés de continuer à avancer malgré ce lourd tribut, le film prend alors tout son sens et s’avère être un témoignage puissant.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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