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L'AMOUR C'EST MIEUX QUE LA VIE

Un film de Claude Lelouch

La mort, c’est mieux que l’ennui

Amour, Amitié et Argent sont les trois préoccupations de l’humanité, en tout cas celles de trois amis qui, après leur sortie commune de prison, ont vu dans l’honnêteté la meilleure des combines. Le jour où le premier apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable, les deux autres veulent lui offrir sa dernière histoire d’amour…

L'amour c'est mieux que la vie film movie

Le titre, d’abord. Il fera à coup sûr tilt chez ceux qui ont encore "Les Parisiens" – et ses horripilantes chansons – en tête. En plus de ça, il ne veut rien dire : si aimer c’est mieux que vivre, comment fait-on pour aimer si on est mort ?!? Et pour couronner le tout, on n’arrive même pas à recenser le nombre de fois où on l’entend – on a baissé les bras à mi-parcours. Parlons du reste, maintenant. On annonçait, sinon le dernier film du cinéaste (rumeur d’ores et déjà invalidée), au moins une synthèse, voire un best-of pour les fans. En un sens, c’est le cas, car Lelouch, ici clairement amoureux de lui-même avant de fantasmer sur la vie, tombe tête la première dans le piège fatal de l’autocitation. Le film dialogue ainsi avec sa propre filmo, osant la suite détournée de "L’aventure c’est l’aventure" et de "La Bonne Année" (Sandrine Bonnaire a ici un lien de parenté avec Lino Ventura) ou filmant un Robert Hossein qu’on croirait sorti de l’Ehpad qui replonge dans le souvenir des "Uns et les Autres" (le mariage avec Nicole Garcia, le Boléro de Ravel, etc…). Tout ça pour ça ? Ce n’est pas fini, car il y a toujours ces aphorismes lelouchiens, indignes d’un fortune cookie et débités à tire-larigot dans des chansons débiles où l’excès de prêchi-prêcha a le chic pour réveiller en nous des pulsions enfouies de nihilisme.

A part ça, Lelouch vante l’intelligence et le talent littéraire de sa compagne Valérie Perrin au détour d’une réplique (mais comme on sait que c’est elle qui écrit les dialogues du film…), et s’en remet à un énième pitch écrit en cinquième vitesse sur un coin de nappe à propos de l’amitié entre trois repentis qui voient dans l’honnêteté la meilleure combine qui soit (attention, un autre clin d’œil !). Autour d’eux, on a un confinement qui obscurcit l’horizon, des policiers qui chouinent sur leur brutalité envers les gilets jaunes, un jeune boxeur qui se dispute avec sa compagne, et surtout la patronne d’une boîte d’escort-girls qui se fait payer pour coucher avec un vieux cancéreux – ce qui nous vaut de splendides théories sur les femmes et la prostitution. Et comme Lelouch a encore de temps en temps quelques rechutes de ravi de la crèche, il se la joue béni-oui-oui avec la métaphysique de bazar en mouillant Jésus dans son arnaque ! Ce qui nous vaut des scènes à peine croyables où ce dernier, quand il ne se fait pas interroger par un duo de flics en ayant la tête d’Elsa Zylberstein (no comment), hante les rues de Paris en faisant un micro-trottoir avec le sourire niais de Francis Lalanne ou en bossant bénévolement au SAMU pour remettre les mourants sur pied.

Que sauver de ce navet imbitable ? Peu de choses, surtout dues au casting. On aurait pu croire que mettre Ary Abittan et Kev Adams dans le même film – voire dans la même scène – serait une promesse de calvaire, mais, double miracle, le premier réussit à être drôle en jouant le dragueur cochon (ah, les hasards et coïncidences de l’actualité judiciaire !) et le second arrive enfin à muscler son jeu (dans tous les sens du terme). On a aussi le killer smile de Sandrine Bonnaire qui intervient neuf fois sur dix – ça aide pas mal. Et surtout Béatrice Dalle qui, fringuée en zombie du Père Lachaise, nous offre ici son interprétation toute personnelle de la Grande Faucheuse et n’hésite pas à rembarrer les simili-Pascal Sevran qui beuglent non-stop des rodomontades pédantes sur une péniche… Il est rare qu’un film nous dégoûte à vie de réentendre les mots « Je t’aime », surtout quand 90% des dialogues consistent à dérouler toutes les conjugaisons possibles du verbe « aimer ». Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on annonce déjà deux suites à ce gros navet, histoire qu’une trilogie entière soit le chant du cygne idéal. On en profite donc pour envoyer un message au « gars du dessus » (le producteur-milliardaire Dassault, pas l’autre !) : et si on arrêtait les frais dès maintenant ?

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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