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JUSQU'ICI TOUT VA BIEN

Un film de Mohamed Hamidi

Un choc des cultures parfaitement exploité

Alors que son agence de communication, Happy Few, implantée dans Paris est soumise à un redressement fiscal, Fred Bartel se voit proposer un deal par l’administration. Déménager son siège social à La Courneuve, là où il était sensé avoir des employés pour bénéficier de la zone franche. Mais pour beaucoup de ses employés, les codes de la banlieue restent totalement étrangers. Ils vont donc se faire aider par Samy, un jeune maître chien, qui connaît les codes locaux…

Jusqu'ici tout va bien film image

S’inscrivant dans une mouvance récente du cinéma français valorisant les potentiels des habitants des banlieues, nous ayant valu le pire ("La mélodie") comme le meilleur ("Le monde est à toi", "Mauvaises herbes", le récent Prix du public du Festival de l’Alpe d’Huez 2019 s’affiche comme une comédie sociale très réussie, à la fois pleine de générosité, d’esprit de vivre ensemble et de volonté de briser ou de s’amuser avec les clichés.

Inscrivant ses personnages dans une banlieue en difficulté, le scénario aborde les questions d’insertion comme vecteurs de cohésion et d’espoir en un avenir possible, transformant les oppositions en de véritables richesses comiques. Auteur de "La vache", Mohamed Hamidi (qui co-signe ici le script avec Michaël Souhaité et Khaled Amara), développe ainsi des personnages savoureux, auxquels le spectateur s’attachera finalement sans s’en rendre compte. Et le surprenant Samy, interprété avec brio par Malik Bentalha, maître chien qui a peur des chiens (ça ne s’invente pas), finit d’ailleurs par devenir le centre névralgique de ce petit groupe qui ira en se diversifiant.

Limité au départ au rôle un peu ingrat de l’initiateur (il présente les lieux, donne une formation sur les comportements des mecs de cité…), son personnage fait des merveilles dans un décalage permanent, fait de naïveté enfantine et de maladresse amoureuse d’un « affamé ». Au delà, le scénario parvient à jouer de multiples clichés, et à donner une image de dynamisme à toute une communauté, décalant les figures de caïds adultes et déplaçant l’inquiétude sur celle d’une bande de gamins racketteurs.

Du montage hilarant lors de l’audition des candidats locaux au coaching improvisé sur la vente de shit, en passant par le concept de « casse » à l’envers, les idées originales ne manquent pas et les clichés sont tous balayés, pour s’intéresser aux être humains. Avec un Gilles Lellouche combatif, une Sabrina Ouazani qui ne se démonte jamais, et des seconds rôles croustillants pour Camille Lou, Anne-Elisabeth Blateau et Loïc Legendre, l’équipe de "Jusqu’ici tout va bien" (titre en forme de référence ouverte à la bande annonce de "La haine" de Mathieu Kassovitz) s’affirme au contraire en possibilité de mélange des cultures et de dialogue.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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