Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

JUPITER : LE DESTIN DE L’UNIVERS

Le loup et la princesse

Jupiter Jones est une immigrée russe qui gagne sa vie en nettoyant des toilettes. Elle rencontre Caine, ancien chasseur militaire interplanétaire, qui est venu sur Terre pour retrouver sa trace…

Une jeune et jolie femme de ménage (Mila Kunis, un peu transparente) découvre qu’elle est une Princesse de l’espace, pourchassée par les sbires d’un vilain Despote de l’espace (Eddie Redmayne, tout en crispation et hurlements), et protégée par un gentil Mercenaire mutant de l’espace (Channing Tatum, génial), dont elle va tomber amoureuse. Voilà pour le résumé, d’une simplicité quasi-enfantine (on ajoute des chansons, et hop, c’est du Disney !), du dernier film des Wachowski, tous justes deux ans après leur chef-d’œuvre absolu co-réalisé avec Tom Tykwer. Et c’est bien cette simplicité qui en reste le principal défaut, tout en étant peut-être sa qualité primordiale.

Car il ne fallait bien sûr pas attendre des créateurs de "Matrix" qu’ils s’attellent à nouveau à une œuvre-somme de la teneur de "Cloud Atlas", les deux cinéastes n’étant pas du genre à se reposer sur leurs acquis, même au sein d’une trilogie. Dans les faits, l’histoire de cet incroyable blockbuster qu’est "Jupiter : Le destin de l’univers", peut effectivement décevoir, mais il semble justement que ce soit dans cette absence de prétention narrative et thématique que se cache le projet des Wacho. Car passée une courte introduction, le récit s’emballe in medias res, pour ne plus lâcher le spectateur, balancé au sein d’un univers de science-fiction mâtiné de fantasy d’une foisonnante générosité.

Suspension d’incrédulité. L’expression est lâchée, et convient à merveille à ce conte épique gavé jusqu’à la nausée de vaisseaux spatiaux dantesques, de cités spatiales rutilantes et de créatures fantastiques jouissives (le lézard ailé et ses semblables), que les réalisateurs semblent aborder avec la même candeur jubilatoire que Guillermo Del Toro lorsqu’il réalise son "Pacific Rim", en abusant de leur budget maousse pour s’amuser comme des fous avec leurs luxueux jouets. Dans "Jupiter : Le destin de l’univers", les Wachowski déroulent des trésors d’imagination (la séquence des abeilles) et de virtuosité, balançant une scène d’action ébouriffante tous les quarts d’heure, sans ce soucier une seule fois d’essayer de livrer un « grand film ».

Dans ce qui restera comme un idéal de blockbuster hollywoodien fun et pas prise de tête. Channing Tatum fait du roller-volant en flinguant à tout va, Mila Kunis débouche des chiottes sans abîmer sa mise en plis, Terry Gilliam vient faire coucou, un pilote de vaisseau a une tête d’éléphant, et le compositeur Michael Giacchino envoie la sauce sans se faire prier. Alors, c’est sûr, on peut attendre un peu plus de ces immenses créateurs que sont les Wachowski, mais franchement, difficile de faire la fine bouche devant un tel plaisir de cinéma.

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire