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JOUR DE MERDE

Un film de Kevin T. Landry

Une comédie dramatique délicieusement amorale

Maude travaille chez Loto-Gold, où elle réalise et monte des vidéos des gagnants pour leur site internet. Sa patronne Hélène lui reproche cependant que ses films ne sont pas assez dynamiques ou enjoués. Elle lui demande de travailler un samedi, en allant chercher à près de 2h30 de route de Montréal, un gagnant qui vit isolé dans la forêt, afin que sa vidéo et le retrait de son gain aient lieu à temps. Contrainte d’emmener avec elle son ado de fils, Maude doit faire face non seulement à Gaëtan, gagnant apathique qui refuse d’être filmé, mais aussi aux coups de fils répétés de son ex, Luc, qui veut récupérer son fils plus tôt que prévu en fin d’après midi…

C'est l'une des agréables surprises de ce début de printemps : une comédie plutôt noire, venue du Québec, qui autour d'une employée du Loto, décortique une journée maudite où elle devra apprendre à se rebiffer. Hasard du calendrier, le film sort en salles deux semaines après "Heureux gagnants", comédie sur l'argent maudit touché par différents gagnants du Loto. "Jour de Merde" n'empreinte cependant pas du tout la même voie, se dessinant d'abord comme une comédie dramatique en forme de descente aux enfers pour cette jeune mère, harcelée au téléphone par un ex imbuvable qui passe son temps à lui faire des reproches, méprisée par son fils qui ne s'intéresse qu'à sa tablette, tournée en ridicule par une boss hypocrite à souhait, et devant se coltiner un gagnant récalcitrant et incapable de sourire.

Mais c'est au contact de celui-ci, qui sera d'ailleurs le facteur déclencheur d'une seconde partie réjouissante, orientée thriller, qu'un début de rébellion apparaît chez la mère. Interprétée avec nuances par Eve Ringuette, dont les nerfs sont mis à rude épreuve, cette femme qui encaisse les coups va finir par céder à la pression, entraînant plusieurs scènes de pétages de plombs aux conséquences diverses. Mais le film prend à mi-parcours une tournure inattendue, convoquant vers la fin d'autres personnages surprenants, pour une conclusion délicieusement amorale. L'humour noir et second degré pointe son nez lors d'une scène de tournage avec un gagnant peu collaboratif, obligeant à plusieurs drôles de prises, avant de s'affirmer particulièrement lors d'une scène de repas plutôt tendue. Après "Bungalow" l'an dernier, le cinéma québecois nous livre ainsi une nouvelle œuvre à la fois moderne et emplie d'un grinçant humour noir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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