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IRRADIÉS

Un film de Rithy Panh

De l’ordre de l’installation artistique

À partir d’images d’archives, une approche de la tendance de l’homme à justifier la guerre et inventer de nouvelles manières de tuer…

Irradiés film documentaire image

Ce qui vient à l’esprit au bout de quelques minutes de Irradiés, nouveau documentaire signé du Cambodgien Rithy Panh, est qu’il s’agit ici plus d’une installation de l’ordre de l’art contemporain que du documentaire annoncé. En effet, avec un écran alternant entre une division en trois (le split screen démultipliant l’image, avec parfois un léger décalage, ou offrant une vision d’ensemble fragmentée) et des vues plus larges, notamment les plus imposantes, le dialogue de deux voix-off, une féminine, l’autre masculine, et un désordre chronologique apparent de l’ensemble, bon nombre de spectateurs seront vite perdus ou dubitatifs.

Débutant sur la construction d’une maquette de maison, dans laquelle des portraits de disparus seront disposés, le film montre ensuite les levées d’armées, la construction de tranchées, des essais en laboratoire, les foules dans les camps de la mort, l’amoncellement des corps, des expositions atomiques, des terres dévastées où subsistent quelques ratés construction... Et des performers, maquillé comme au théâtre Kabuki (forme épique du théâtre japonais traditionnel), évoluent, parfois en superposition, dans des décors comme calcinés.

Certes le split screen vient appuyer le besoin de répétition, expliqué au détour d’un dialogue, afin que l’Histoire ne soit pas oubliée par les jeunes générations, et les images des explosions solaires viennent ponctuer ce poème macabre. Mais la plupart des textes, fortement indigestes et abscons, tentant des élans poétiques, signés Panh, Agnès Sénémaud et Christophe Bataille, auront raison des plus patients. Ignorant certains conflits plus récents, qu’il s’agisse de la Yougoslavie ou la Syrie, l’auteur de documentaires effroyables tels "S21, la machine de mort Khmer Rouge" ou "L’image manquante", laisse cette fois-ci son propos s’effacer face à la forme, rendant l’accumulation d’atrocités peu percutantes et son prix du meilleur documentaire au Festival de Berlin 2020 assez incompréhensible.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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