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IL Y A LONGTEMPS QUE JE T’AIME

Un film de Philippe Claudel

Deux actrices superbes

Juliette, la quarantaine, sort de prison. Elle est recueillie par sa jeune sœur Léa chez elle, auprès de son mari, son beau-père et ses deux fillettes. Dans cette structure familiale qu’elle a désapprise au bout de quinze ans d’emprisonnement, Juliette va tenter de réapprendre à vivre…

Pour son premier film, Philippe Claudel, auteur français à succès, a adapté lui même son roman. Dans une famille « benetton » (une mère franco-anglaise, un père polono-ukrainien, et des enfants vietnamiens adoptés), l'irruption de la tante, après 15 ans passés en prison, bouscule les habitudes et les certitudes. Jouant sur le mystérieux crime dont elle est coupable, le scénario provoque de brusques accélérations, qui révèlent à chaque fois quelques bribes d'information, mais interrogent surtout au passage la curiosité des autres face à une intimité cachée. Ce sont ainsi les manifestations de suspicion malsaine qui choque, qu'il s'agisse de la scène d'entretien d'embauche ou de celle du repas avec des amis bien inquisiteurs. Peu à peu, le spectateur prend faits et cause pour cette femme dont il ignore toujours les méfaits.

La reconstruction d'une relation entre les deux soeurs n'est pas aisée, et laissant de côté les réactions basiques du mari (Serge Azanavicius, décidément trop rare), les deux actrices, Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein, confondantes de tristesse retenue, arrivent à faire croire aux blocages existants, aux gestes hésitants, comme à leurs colères envers elles-mêmes. Conférant à leurs personnages une troublante humanité, elles s'avèrent progressivement de plus en plus bouleversantes, alors que la mise en scène s'éloigne d'elles, pour mieux les montrer dans leur globalité. On regrettera juste une qualité photo vidéo un rien agaçante, mais qui ne gâche en rien ce formidable essai, habilement transformé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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