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IL RESTE ENCORE DEMAIN

Un film de Paola Cortellesi

Liberté, égalité, sororité !

Delia, une maman courage, s’apprête à célébrer les fiançailles de sa fille aînée. Mais entre un gendre sur lequel elle a des doutes, un mari brutal et une Italie en pleine reconstruction, elle va devoir redoubler d’efforts pour rêver d’un avenir meilleur. Si une chose est sûre, c’est qu’elle ne manque certainement pas de courage. Au point d’imaginer un autre futur que celui qui paraissait l’attendre…

« Le phénomène italien aux cinq millions d’entrées » nous promet l’affiche du film. Et il est vrai qu’alors que "Barbie" et "Oppenheimer" régnaient en maître sur le box-office mondial, nos voisins de la Botte ont résisté à l’invasion américaine, préférant une production locale, digne successeur de "La Vie est belle" de Roberto Benigni. Les deux parcours sont proches - des acteurs populaires qui passent derrière la caméra pour un drame teinté d’humour -, mais là, où le comédien au bagout inimitable a eu besoin de plusieurs essais pour voir pleuvoir les entrées, Paola Cortellesi a réussi à braquer les salles dès sa première tentative. Dans un pays où les voix féministes arrivent enfin à se faire entendre, notamment après le choc du féminicide d’une étudiante, Giulia Cecchettin, la néo-cinéaste signe une ode à l’émancipation féminine, sur fond de violences conjugales et pauvreté.

Dans le Rome de la seconde moitié des années 40, qui invite aussi bien le néo-réalisme que l’imagerie d’un Jean-Pierre Jeunet, Delia essaye tant bien que mal d’offrir un avenir meilleur à ses enfants, en particulier à son aînée dont elle craint un destin similaire au sien. Entre l’espoir de la Libération et les ruines d’un État encore en reconstruction, la protagoniste s’interdit de rêver à un autre futur que celui qui semble écrit pour elle, acceptant sa condition sans rechigner, multipliant les boulots et encaissant les humiliations quotidiennes, au grand dam de sa grande fille. Mais ce qui peut apparaître comme de la lâcheté cache une toute autre réalité, un courage qui s’infiltre dans le banal pour changer sa réalité, poser chaque jour une brique de lendemains plus joyeux.

Pamphlet contre le patriarcat qui camoufle ses revendications dans un écrin scintillant, en noir et blanc, le métrage s’affirme comme un pur divertissement, généreux dans son romantisme et sa poésie. Si "Il reste encore demain" souffre probablement de ses excès, lui donnant par moments des faux airs de telenovela, il n’en demeure pas moins une œuvre rafraîchissante, à l’accent chantant et aux jolies trouvailles oniriques (la danse comme allégorie de la brutalité). Insistant sur l’importance de la transmission et la nécessité de poursuivre les combats de ses aïeules, le film déborde de charme, distillant même un sentiment d’authenticité rare au sein d’une forme volontairement artificielle. Avec le talent des acteurs, le sens de l’écriture de Paola Cortellesi et l’énergie galvanisante de l’ensemble, nos quelques réserves s’envolent vite face à cette odyssée aussi douce dans son allégresse que percutante dans son message. Il vous reste encore demain pour aller le voir si ce n’est pas déjà fait !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

Didi

mercredi 17 avril - 7h22

D’accord avec cette critique pondérée qui sort des poncifs habituels de Télérama ou Libération qui auraient aimé plus de sang et de traces de coup pour satisfaire leurs besoins sans fond de victimes émissaires, quitte à ce que le téléspectateur s’ennuie ferme dans leurs pathos sociofeministe stéréotypé.
Bravo à l’actrice réalisatrice et scénariste qui a su nous convaincre entre drame et humour.

Chipiron

samedi 23 mars - 4h29

Excellent je le recommande

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